SOCIÉTÉ
L’origine sociale des élèves
RAYON Patrick (sous la direction), 2019, Éd. Retz, 2020, 156 p.
L’école française est confrontée au curieux paradoxe d’être ouverte à tous, tout en restant éminemment élitiste. Elle est au cœur d’un mythe à la double facette : elle serait impuissante ou au contraire toute puissante. Le recueil d’études sociologiques présentées ici se donne pour ambition de déconstruire l’un et l’autre. La démonstration a été faite depuis longtemps que le système scolaire ne préserve pas les élèves contre les inégalités liées aux origines sociales. Les
L’école à la ramasse. L’éducation nationale en faillite
FIZE Michel, Éd. L’Archipel 2019, 222 p.
Que l’on partage ou non l’avis de Michel Fize, on ne peut que rendre hommage au sérieux et à la structuration de sa démonstration qui plonge ses racines tant dans des statistiques actualisées que dans l’histoire de l’école. Pour autant, quelle mouche l’a donc piqué ? Le voilà, vent debout, à présenter le système scolaire comme « foutu », responsable d’une baisse de niveau des élèves et de la déperdition de la langue française, d’une délégitimation des enseignants et du règne de l’indiscipline, voire
Défaire le capitalisme, refaire la démocratie. Les enjeux du délibéralisme
DACHEUX Éric & GOUJON Daniel, Éd. Erès, 2020, 353 p.
Notre société néolibérale est fondée sur l’impératif de croissance, la recherche du profit maximum, la concurrence pure et parfaite et l’utilitarisme. Avec comme résultats : l’objet produit est plus important que l’être humain, l’individu est mis au service de la technique et la politique est soumise à l’économie.
Alors qu’il y a une diversité de modèles économiques (domestique, publique, sociale), le capitalisme n’admet que la logique orthodoxe de marchandisation potentielle de tout
Antisocial. La guerre sociale est déclarée
Guénolé Thomas, Éd. Plon, 2018, 274 p.
Le processus politique de destruction du système social français est en marche. Thomas Guénolé en décrit les détails.
Ce n’est plus à la société de fournir un emploi à chaque salarié, mais à lui d’en trouver un, le soupçon pesant sur lui de ne pas le vouloir. La baisse du taux de chômage quand l’économie redémarre est-il le signe qu’il y a alors moins de fainéants ?
Pour combler le trou de la sécurité sociale, on a responsabilisé le patient par l’augmentation du forfait hospitalier. Est-ce la perte de
Une autre voie est possible
HEYER Éric, LOKIEC Pascal et MEDA Dominique, Éd. Flammarion, 2018, 360 p.
On nous l’a dit et répété depuis des décennies : la France est le malade de l’Europe, cumulant un fort taux de chômage et une faible croissance. La cause ? Un code du travail trop rigide, des dépenses sociales dispendieuses et une compétitivité en berne.
Il est vrai que l’Etat social intervient, régule, organise, accompagne, redistribue. C’est lui qui a permis de maintenir en France le taux de pauvreté à 13,4 % contre une moyenne européenne de 17,4 %, de garantir
Déchéance de rationalité
Gérald Bronner, Ed. Grasset, 2019, 263 p.
Face à la menace terroriste, les autorités usent d’un mot magique : la déradicalisation. C’est dans ce but, qu’elles ouvrent en 2016 le Centre de prévention, d’insertion et de citoyenneté au Château de Pontourny.
Gérald Bronner nous fait ici le récit de ce grotesque fiasco. Spécialiste du phénomène sectaire, ce sociologue s’était pourtant porté volontaire pour y intervenir, à titre gracieux, en posant comme seule condition l’évaluation scientifique de l’action menée. Il y animera un séminaire
Jeunes en voie de radicalisation. Mythes, réalités et travail éducatif
PUAUD David et GONÇALVES Stéphane, Ed. Fabert, 2018, 57 p.
Fruit de la rencontre avec douze groupes différents de professionnels, ce livre détaille la mécanique à l’œuvre auquel le travail social fait face : substitution de la problématique économique et sociale par la question raciale et religieuse. Sa démonstration implacable tient en trois points.
D’abord, ce n’est pas n’importe quel public qui est harponné par les idéologies intégristes. Les fragilités initiales qui plongent leurs racines dans la désaffiliation progressive, les ruptures
Le spectre de la radicalisation
PUAUD David, Ed. EHESP, 2018, 243 p.
Les épisodes terroristes sanglants récents ont remodelé la perception d’une radicalisation devenue pour les pouvoirs publics la cible principale à prioriser. Des grilles d’évaluation ont même été élaborées pour mieux la détecter et la combattre. Et le jeune islamiste radical est devenu la nouvelle figure diabolisée.
Pourtant, beaucoup le reconnaissent : la radicalisation ne peut être confondue avec le terrorisme. Il est impossible d’établir un profil type de l’activiste prisonnier d’un mécanisme qui se
La fabrique de la radicalité
BONELLI Laurent et Fabien Carrié, Ed. Seuil, 2018, 309 p.
Afin de (se) convaincre que les jeunes radicalisés sont amendables, quand l’opinion courante les rejette dans une altérité irréductible, les travailleurs sociaux évoquent volontiers l’emprise et l’embrigadement dont ils seraient victimes. Pourtant, le succès d’une idéologie dépend avant tout de l’écho qu’elle produit avec les ressentis de ses potentiels adeptes. C’est cette corrélation que les deux auteurs établissent à partir de l’étude minutieuse de 166 dossiers éducatifs, d’une
Cannibales en costume
COURPASSON David, Ed. François Bourin, 2019, 244 p.
Le travail d’hier était marqué par un taylorisme qui, indifférent aux individualités, instrumentalisait les corps, comme autant de maillons apathiques mis au service de la sauvagerie infernale et des caprices de la machine. Le travail d’aujourd’hui est pris dans la fascination d’une entreprise contemporaine au sourire bienheureux, d’une autorité douce et bienveillante et du mythe des nouvelles technologies merveilleuses. Les repères traditionnels étant devenus glissants, instables, obscurs