Question de genre

Jusqu’où accepter la différence ? La réponse est singulière pour chaque situation.

Il a 17 ans et aime se maquiller, même quand il se rend à son lycée d’Albi. L’œil de chat qui encadre le regard d’Alexis a choqué une élève de sixième. La maman s’en est plainte auprès de l’administration. Devinez ce qui arriva ? Ce fut Alexis qu’on convoqua ! Ce qui se dit alors dans l’intimité du bureau de la CPE fait polémique. L’adolescent affirme qu’on lui conseilla d’arrêter de se grimer, au risque de se faire exclure. La proviseure conteste cette version, expliquant qu’il s’agissait plutôt d’un dialogue avec l’élève.

Quadrature du cercle

Pourquoi avoir fait le choix de convoquer Alexis plutôt que l’élève de 6ème et sa famille ? Qu’est-ce qui pose problème : qu’un garçon ne respecte pas les stéréotypes dominants de genre, en mordant sur le registre de la féminité ou que cela ne puisse être accepté comme une simple manifestation de la différence ? Bien des établissements scolaires sont confrontés à des accoutrements parfois provocateurs. Difficile de fixer une limite à la fois juste et légitime, car chacun a son avis sur ce qui est acceptable ou non. Cela peut être débattu par le Conseil d’administration en charge du règlement intérieur, où siègent entre autres les représentants des enseignants, des élèves et des parents. Les copains d’Alexis ont tranché. Informés de l’incident par les réseaux sociaux, par solidarité ils se sont eux mêmes maquillés les jours qui ont suivi.

 

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation  ■ n°201 ■ septembre 2019