Centre pour jeunes délinquants

Trois chercheurs québécois viennent de mener une recherche démontrant que plus un jeune est sanctionné sévèrement par la justice, plus il risque de développer des comportements délinquants à l’âge adulte. Leur étude a porté sur 779 jeunes suivis depuis la garderie, en 1984, jusqu'à leurs 25 ans. Afin d’obtenir un haut taux de possibilités de comportement déviant, ils ont été choisis dans 53 écoles des quartiers défavorisés de Montréal. Sur cet échantillon, 113 ont eu affaire à la justice entre 12 et 17 ans. Dans quelle proportion ont-ils continué leur carrière délinquante, une fois adulte? Ceux d’entre eux qui ont été placés dans un établissement pour délinquants présentent un risque 38 fois plus élevé que celui qui n’a pas eu affaire à la justice. Par contre, un jeune qui a bénéficié de mesures moins cœrcitives telles des probations assorties de rencontres régulières avec des travailleurs sociaux, ou encore des travaux communautaires sans surveillance, présente un risque qui tombe à 2,3 fois. Ces résultats peuvent être contestés, en affirmant que ce n’est pas tant la sévérité de la justice qui provoque la prolongation de l’épisode délinquant, mais le contraire. Reste que notre façon de gérer cette question garde, année après année, le même goût d’échec quand il se concentre sur la répression... et que deux ans après le vote de la loi sur la protection de l’enfance, les moyens financiers promis manquent cruellement à l’appel.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°919 ■ 05/03/2009