Instruire ou éduquer ?

Le Haut conseil à l’intégration proposait, fin avril, de réintroduire le buste de Marianne, le drapeau et la devise républicaine dans les établissements scolaires. Il y aura bien quelques instituteurs pour, sans doute, pousser le ridicule jusqu’à apprendre la Marseillaise à leurs élèves, pour la traditionnelle fête de fin d’année. On pense à eux pour une médaille. Pourquoi pas, chaque matin, la levée des couleurs devant l’ensemble des élèves et des adultes au garde à vous, le coeur serré face à notre émouvant étendard tricolore montant au vent, pendant qu’on y est ? Pas le style de la classe de Madame Cassis. Une rumeur s’en échappe qui se transforme bien vite en chahut. Etonnant, chez cette institutrice réputée sévère. Entrons dans la classe. Les 28 élèves de CM2 sont en plein débat pour savoir comment la salle va être réaménagée. Les prises de parole fusent. Chacun donne son avis sans écouter l’autre. Des leaders tentent de s’imposer : l’institutrice intervient, pour éviter cette prise de pouvoir. Pour le reste, elle laisse faire. Finalement, un élève s’écrit qu’il faut parler chacun à son tour. Le débat se discipline. Les propositions sont étudiées l’une après l’autre. Un consensus finira par se faire. Il aura fallu près d’une heure. Au cours de morale, Madame Cassis a préféré un exercice de démocratie directe. En expérimentant la  difficulté du décider ensemble, les enfants auront appris non la soumission à l’autorité du maître, mais la citoyenneté.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°929 ■ 14/05/2009