L’intelligence d’un pois chiche

Le vote suisse contre les minarets a fait se pâmer tous les racistes de France. Ils pourraient bien être les dindons de la farce. Peu avant, le Mouvement citoyen genevois avait doublé sa représentation au Grand Conseil, devenant la seconde force politique du canton. Son succès est du à ses arguments portant sur un chômage de 7%, contre 3,9 % au niveau national : « Genève et les Genevois d’abord ». Mais pour une fois la menace ne vient pas des affreux musulmans, mais des frontaliers français ! Genève serait menacée de devenir le « déversoir pour les 2,9 millions de chômeurs français ». Voilà les 48% de gaulois qui considèrent qu’il y a trop d’immigrés dans notre pays (rapport de la CNCDH de 2008) pris à leur propre piège. Leur logique voudrait qu’ils se prononcent pour le rapatriement de nos compatriotes. Une nouvelle version de l’arroseur arrosé. L’Arabette des dames, une très jolie fleur crucifère, possède la curieuse faculté de reconnaître l’odeur de ses sœurs et de partager équitablement les ressources du sol avec elles. En présence d’une plante étrangère, elle multiplie ses racines pour pomper le maximum de nutriment, afin d’affamer l’intruse. Décidément, qu’on la trouve en Suisse, en France ou partout ailleurs, la xénophobie prétend confiner l’espèce humaine à l’intelligence d’une plante verte, la réduisant au stade du règne végétal, niant les millions d’années d’éducation et de civilisation qui ont tenté de le sortir de l’état de nature. 

 

Paru dans LIEN SOCIAL ■  n°957 ■ 21/01/2010