Combattre le bizutage

Le Directeur de l’ENSAM (école des Arts et Métiers) d’Angers, vient d’être remercié pour avoir laissé se dérouler des semaines d'intégration organisées par les anciens au « profit » des nouveaux étudiants. Le bizutage a été interdit par la loi du 17 juin 1998 qui le punit de 7500 euros d'amende et de 6 mois d'emprisonnement. Cette pratique perdure pourtant, avec parfois la complicité de l’administration, de certains enseignants, jusqu’aux élèves eux-mêmes. Pour ses défenseurs, il s’agit avant tout de créer un esprit de groupe, une cohésion, une solidarité entre les classes. Mettons de côté les humiliations, les insultes, la privation de sommeil, les pertes de repères, une alimentation dégradante, la contrainte à subir des comportements avilissants… tout cela a pu, depuis des années, être sans doute plus ou moins temporisé. Reste le principe de base : au prétexte d’intégrer, il s’agit surtout de formater les esprits, pour qu’ils se soumettent à une hiérarchie imposée et acceptent de subir passivement tout ce qui vient de prétendus supérieurs. Répugnant. Mais qu’est-ce qui est le plus ignoble : endurer de telles épreuves ou bien reproduire sur les petits nouveaux l’année suivante, dans une jouissance perverse, ce que l’on a soi-même du supporter ? Valérie Pécresse, ministre des universités, a tenté à plusieurs reprises de s’attaquer à cette tradition stupide autant que malsaine : c’est tout à son honneur. Un Directeur en a perdu son poste : à qui le tour ?

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°961 ■ 18/02/2010