Bonne nouvelle

Cette chronique a habitué le lecteur à de l’amertume, de la colère et de la révolte. Cette semaine sera l’occasion d’une information réjouissante, sans second degré, ni le moindre cynisme. Cette jeune femme de 22 ans qui habite Caen est d’origine algérienne. Elle retourne au pays cet été. Sa mère et son beau-père lui proposent de passer quelques jours dans une location. Elle s’y rend sans méfiance. A peine arrivée, elle est enfermée dans l’une des chambres, sa mère lui confisquant ses papiers et son téléphone portable. Elle a été promise à un Algérien de 35 ans qu’elle connaît à peine. Elle réussit à utiliser le portable de sa cousine et compose le premier numéro qu’elle trouve sur une ordonnance: c’est celui de son médecin traitant à Caen. C’est une véritable chaîne de solidarité qui s’organise alors. Le médecin prévient des éducateurs qui se tournent vers la délégation aux droits des femmes, qui via l’association parisienne « Voix de femmes » active ses contacts sur place. La jeune femme réussit à s’enfuir et trouve refuge à Oran chez une bénévole de l’association « Femmes algériennes revendiquant leurs droits » qui lui conseille de porter plainte contre sa mère. La justice algérienne vient de la condamner. La jeune femme a pu revenir en France : « C'est un déchirement que d'aller contre les coutumes de la communauté dont vous êtes issue. Mais c'est le prix à payer pour conquérir ma liberté et celle des Maghrébines de ma génération ». Courageux et exemplaire.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°976 ■ 10/06/2010