Jeunesse instrumentalisée ?

On se demande vraiment pourquoi la jeunesse est dans la rue. Un rapport du Bureau international du travail, publié le 12 août expliquait : « le chômage des jeunes dans le monde a atteint le plus haut niveau jamais enregistré et devrait encore augmenter, en 2010 ». Les 81 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans qui sont sans emploi, risquent de constituer une « génération perdue ». Les conséquences de ce gâchis, les Missions locales l’ont mesurées dans une enquête auprès de 1.342 jeunes âgés de 16 à 25 ans : 7 % sont dans un état dépressif avéré et 16% ont déjà fait une tentative de suicide. Alors que 60 % des jeunes Danois affichent une bonne confiance en leur avenir, seuls 20 % des jeunes Français font de même. Que de pessimisme ! Pourtant, tout va bien. Les patrons de sept palaces parisiens se sont félicités du magnifique été 2010 qu’ils ont passé. Avec un taux d’occupation de 90,5 % et un prix moyen par chambre de 916,70 € la nuit, c’est le jackpot ! Après tout, rien d’étonnant à cela, puisque le magazine Challenge du 8 juillet affirmait qu’en 15 ans, les 500 plus grosses fortunes de France ont vu leur patrimoine multiplié par 3, passant de 80 à 240 milliards d’€. Dans la même période, le SMIC augmentait de 57,09 % et le point d’indice de la fonction publique de 13,03 %. Voilà de quoi motiver notre jeunesse : au lieu de manifester, qu’elle se mette au travail. Avec un peu de courage, elle pourra un jour bénéficier des fruits de ses efforts.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°991 ■ 28/10/2010