Les pauvres? Qu’ils crèvent !

Vous avez aimé l’annulation par l’Union européenne, prévue pour 2014, du programme d'aide alimentaire aux plus démunis, d’un montant annuel de 480 millions € (soit à peu près 1 €, par habitant) ? Vous allez adorer la prise de position de Joaquin Almunia, commissaire européen à la Concurrence, proposant de prolonger les règles autorisant les aides d'État, afin de permettre aux gouvernements de continuer à aider publiquement leurs banques au-delà de 2011. Faut comprendre : ces pauvres banquiers vont devoir trouver 108 milliards, pour se recapitaliser (soit 220.000 €, par habitant). Vous avez aimé l’abandon de la taxe de 2 % sur les hôtels de luxe, au prétexte du passage de 5,5 à 7 % du taux de TVA qui leur sera dorénavant appliqué ? Un client payant une suite à 500 € la nuit, aurait du débourser deux fois : 10 € et 7,5 €. De quoi, n’en doutons pas, le faire hésiter et peut-être renoncer à sa location ! Vous allez adorer le projet, finalement avorté, de notre majorité de raboter de 10 % l’avantage fiscal concernant les dons faits aux associations d’intérêt général et d’utilité publique. Non seulement, l’État se décharge sur le secteur privé d’un certain nombre de missions de solidarité lui incombant, mais en plus, il commençait là à se désengager financièrement. Depuis la libération, jamais on n’aura connu, autant de cynisme dans les prises de décision, autant d’obscénité dans les cadeaux faits aux riches, ni tant d’arrogance face à la pauvreté.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1040 ■ 24/11/2011