Le droit d’asile en question

En 2018, la France a reçu 122.743 demandes d’asile. Elle l’a accordée à 24.663 candidats, soit une proportion d’une demande sur cinq. La gestion de ces sollicitations devrait faire une large place à la dimension humaine des situations présentées. On en est loin. Il suffit pour s’en convaincre d’évoquer le sort des 800 auxiliaires recrutés par l’armée française pour servir d’interprète, lors de l’intervention du contingent français en Afghanistan, treize ans durant. Menacés de morts par les Talibans qui reprennent petit à petit du terrain, un certain nombre de ces hommes et leurs familles se sont très naturellement tournés vers leur ancien employeur pour lequel ils avaient pris tous les risques. L’administration aurait fixé un quota maximum arbitraire de 80 visas à accorder. Lors de la campagne Présidentielle, Emmanuel Macron s’était indigné de cette situation, n’hésitant pas à la comparer avec la tragédie des 70 à 80.000 harkis algériens supplétifs de l’armée française massacrés à l’indépendance, sans que la France ne réagisse : « nous avons commis une faute comparable avec nos interprètes afghans ». Notre pays persiste donc et signe, la faute historique semblant devoir se pérenniser. Constatant le sort que notre pays réserve à ces réfugiés qui lui ont pourtant rendu service, on peut imaginer le sort réservé à celles et à ceux qui n’ont pour seule argument que de fuir les persécutions politiques, ethniques ou religieuses. Quand il s’est agi d’accueillir en exil Jean-Claude Duvalier, Mobutu et Jean-Bedel Bokassa, respectivement dictateur à Haïti, en République démocratique du Congo ou en République centrafricaine, après qu’ils aient été renversés, la France se montra alors infiniment plus accueillante !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1250 ■ 30/04/2019