Que contient la Charte éthique de l’ONES?

Toute charte est structurée autour d’une architecture et d’une logique cohérentes. Radiographie de celle de l’ONES

La première partie de la charte se propose de délimiter les contours de l’exercice professionnel. Il s’agit, tout d’abord, de préciser à qui elle s’adresse : aux titulaires d’une qualification d’éducateur spécialisé (ou équivalente) et à ceux qui la préparent (Article 1). Il est question, ensuite, des valeurs, savoirs, savoirs-faire, et savoirs-être mis en oeuvre par une profession dont l’action éducative, sociale et coopérative vise à permettre aux personnes en difficultés (qu’elles soient mineurs, majeurs, en individuel ou en groupe) d’améliorer leurs conditions sociales, éducatives, psychiques et matérielles d’existence, sans oublier leur santé. S’ensuit une gageure : celle de décliner les diverses formes que peut prendre cette action. Et la charte y arrive avec un certain succès : évaluation, investigation, prévention, information, conseil, orientation, formation, médiation, réparation, intégration scolaire, (ré)adaptation, (ré)insertion sociale et professionnelle, aide à la vie active, assistance, soutien, soins, accompagnement, développement social etc… chacune de ces démarches s’adaptant aux besoins de la personne, à son niveau de développement, à ses potentialités, à l’évolution de son état ainsi qu’à son âge (Article 2).

L’usager au coeur

Après cette tentative plutôt réussie de définition et de présentation de l’action d’une profession aux multiples publics et aux compétences tout aussi diversifiées, vient une seconde partie consacrée aux obligations à l’égard des personnes destinataires des actions précédemment énumérées. Cette dimension est à souligner : le souci des rédacteurs est clairement ici de placer la personne accompagnée au cœur des valeurs auxquelles se réfèrent les éducateurs spécialisés. Le professionnel adhère ainsi à des convictions garantissant le respect des droits et des libertés des personnes (Article 3) et l’absence de toute discrimination à leur égard (Article 4), la certitude de leur éducabilité (Article 5) et l’accueil inconditionnel et le non-jugement les concernant (Article 6), une démarche désintéressée à leurs côtés (Article 7) ainsi que la plus totale intégrité dans ses relations avec elles (Article 22), la recherche de leur part d’un consentement libre et éclairé (Article 8) et l’établissement d’un rapport de confiance (Article 10), la prise de recul face à ce qui est évalué (Article 9) et l’engagement à la confidentialité et au secret professionnel sur tout ce qui les concerne (Article 11).

Comment ça marche

Une troisième partie est plus consacrée au mode de fonctionnement de la profession : les conditions de levée du secret professionnel (Article 12 & 13), les modalités du partage des informations entre professionnels (Article 14), le traitement des données (Article 15 & 16), la méthodologie des écrits professionnels (Article 17), les limites de l’action engagée (Article 18 à 19), l’implication dans la formation tant personnelle (Article 20) que dans celle des stagiaires (Article 23). Enfin, s’il déploie une attitude confraternelle vis à vis des autres professionnels (Article 21), l’éducateur spécialisé s’attache aussi à jouer un rôle de veille sociale (Article 24).
Cette présentation synthétique engage le lecteur à se référer au texte lui-même, particulièrement bien écrit et explicite qui offre une richesse et un souci du détail. La perspective proposée ici est clairement d’englober la profession dans une vision systémique respectant la diversité et la complexité de la réalité quotidienne de l’éducateur spécialisé.

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Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°1153 ■ 11/12/2014