Sanctionner l’arbitraire

A 34 ans, Bassem* a longtemps encadré des jeunes difficiles de quartier, comme animateur. Après cette expérience et cinq ans de travail en CER, il envisage de préparer le diplôme d’éducateur spécialisé. Le 12 mai, à 17h00, s’arrêtant devant une boulangerie, il gare mal sa voiture. Le conducteur qui le suit lui crie de « dégager ». Bassem n’a pas le temps d’obtempérer, le chauffeur qui l’a apostrophé le bloque : c’est un gendarme, dans un véhicule banalisé. Le militaire le fait sortir, le plaque sur sa voiture et lui passe les menottes dans le dos. Placé en garde à vue à la gendarmerie, Bassem est jeté au sol et roué de coups de pied. Il sortira le lendemain à 13h00, avec une plainte déposée contre lui pour rébellion et outrage … et neuf jours d’ITT. S’appuyant sur cinq témoignages fiables, le groupe local d’Amnesty international le soutient. Le député a décidé de porter cette affaire devant la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Il n’est pas question ici de faire le procès global des forces de l’ordre. Nous devrions peut-être d’abord balayer devant notre porte : combien d’éducateurs ou d’enseignants incompétents, voire dangereux sont couverts par leur hiérarchie, protégés par leurs pairs et soutenus par leurs syndicats ? Ce dont il s’agit, c’est bien de la capacité d’un corps professionnel, quel qu’il soit, de se débarrasser de ses brebis galeuses. Il en va de l’honneur de la gendarmerie de sanctionner de tels agissements.

* prénom d’emprunt

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°934 ■ 25/06/2009