Coup de tabac

Ce n’est par la première fois qu’un buraliste est condamné pour n’avoir pas respecté la loi de 2009 qui interdit toute vente de cigarettes (comme d’ailleurs de l’alcool) à un mineur. Cette fois-ci, c’est le Président de la fédération des buralistes de Paris-Ile-de-France, qui se voit infliger des amendes de 900 euros, des dommages et intérêts d’un montant de 7.500 euros et des frais de justice de 9.000 euros. Par six fois, en 2009, il avait servi des jeunes âgés de 11 à 15 ans, infractions constatées par huissier. Le tabagisme est responsable de 73.000 décès par an, l’alcoolisme de 45.000 autres. L’interdiction posée apparaît donc comme légitime. Bien des critiques ont fusé. Des buralistes d’abord, expliquant la difficulté à demander une pièce d’identité. Pourtant, quand il s’agit de vérifier s’ils n’ont pas à faire à un chèque volé, ils n’hésitent jamais… Sur son hypocrisie, ensuite : c’est le copain majeur qui va acheter pour les plus jeunes. Peut-être, mais c’est alors un adulte qui est complice de cet achat, ce n’est pas la société qui le cautionne... Sur la dimension répressive, ensuite : remarquons que ce n’est pas le jeune consommateur qui est poursuivi, mais c’est son fournisseur. La priorité à la prévention, enfin. Pourtant, l’interdiction des comportements violents n’a jamais empêché le travail éducatif pour les prévenir. Si, imposer la prohibition de la vente du tabac et d’alcool aux mineurs est très loin d’être suffisant, elle est au moins nécessaire.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1065 ■ 07/06/2012