Hommage politique

Il est des femmes politiques qui marquent leur époque. Imperturbables face aux obstacles et parfois aux insultes, résolues à faire voter une réforme essentielle à leurs yeux, elles se jettent dans le combat avec une énergie et une détermination hors du commun. L’une des premières à s’être ainsi illustrée fut, bien entendu, Simone Veil, admirable avocate de l’interruption volontaire de grossesse, qu’elle fera voter en 1974, en s’appuyant sur les voix de l’opposition, contre une partie de sa majorité. Moins mouvementé, le combat de Michelle Barzach, ministre de la santé en 2006, fut néanmoins rude, pour imposer face à un garde des sceaux décidé à ouvrir 1.600 places supplémentaires de prison pour y enfermer toujours plus de toxicomanes et au syndicat des pharmaciens, réclamant une « clause de conscience », la libéralisation de la vente des seringues, seule à même de freiner l’hécatombe du sida chez les consommateurs de drogues. Aujourd’hui, c’est Christiane Taubira qui se dresse, l’humanisme chevillé au corps. Refusant le tout répressif et dénonçant l’engorgement des prisons, elle propose la généralisation les peines de probation pour la petite délinquance. Revendiquant la primauté de l’éducatif pour les mineurs, elle veut supprimer le tribunal correctionnel pour enfants et instaurer un accompagnement éducatif, avant le prononcé de la peine. Et de tenir tête à une droite en lambeaux tentant de se refaire une santé sur le dos du mariage gay. Chapeau bas, mesdames.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1095 ■ 28/02/2013