Chasse à l’homme

Point de limite dans la chasse à l’homme. On avait déjà connu les arrestations d’enfants en pleine école ou de clandestins dans les hôpitaux. Voilà maintenant notre valeureuse police de l’air et des frontières venant traquer ces dangereux délinquants au sein même d’une communauté Emmaüs, à Marseille. Cela ne leur a pas suffi de mettre en garde à vue l’un de ses responsables, six heures durant. Pour faire bonne mesure, ils ont fouillé les dossiers des compagnons hébergés au centre, à la recherche de noms à consonance étrangère. « J’attache une importance toute particulière à l’accueil des personnes à la rue. Cet accueil doit être inconditionnel. Quand quelqu’un est à la rue, il est dans une situation d’urgence et de détresse, on ne va pas lui demander ses papiers (...) Je demande à ce que le droit de chaque homme à un minimum de considération soit reconnu » affirmait pourtant le 17 octobre 2007 un certain… Nicolas Sarkozy. Mais voyez-vous, faut bien prendre les moyens  de ses ambitions. Brice Hortefeux était tout fier d’annoncer qu’avec 29 796 reconduites à la frontière en 2008, il avait dépassé le chiffre des 28.000 qui lui avait été fixé. Cela nous va vraiment droit au cœur. Il est vrai que la gangrène gagne aussi nos propres rangs : une assistante sociale de Grenoble n’a-t-elle pas dénoncé un sans papier à la police ? A quand une marque distinctive pour identifier les clandestins ? Pas le jaune, c’est déjà pris ! Abbé Pierre, reviens, ils sont devenus fous.

 

Jacques Trémintin – Non publié, mars 2009