Chez nous, y’ en a aussi

Le 6 janvier, Envoyé Spécial consacrait un sujet aux adolescents confrontés à la révélation de leur homosexualité. Cet excellent reportage démontre le poids des préjugés qui pèsent encore sur notre société. Naïvement, je pensais que les travailleurs sociaux, formés dans l’esprit des droits de l’homme, seraient à l’abri de telles dérives. Anthony, 17 ans, a été confié par son père à l’Aide sociale à l’enfance, après que celui-ci ait appris son orientation. Il affirme s’être senti enfoncé par l’assistante sociale qui l’a reçu, surtout préoccupée de le voir « changer, pour son père ». Roland Giraud, directeur du Pole Solidarité du Département du Pas de Calais, interrogé par un journaliste de « Nord Littoral », explique à juste raison que l’assistante sociale ne peut violer le secret professionnel, en évoquant publiquement la teneur de l’entretien.  Prudent, il rajoute : « si les propos d'Anthony s'avéraient vrais, le département le prierait de bien vouloir accepter ses excuses ». Un autre témoignage, rapporté par Jean-Marie Perrier dans l’ouvrage qu’il a consacré au même thème, fait froid dans le dos. Un adolescent, jeté à la rue pour les mêmes raisons, se serait vu répondre par une assistante sociale qu’il n’avait qu’à se trouver un vieux dans le quartier du Marais, pour se faire entretenir. On ose espérer qu’il s’agisse là d’exceptions… Reste que la lutte contre la discrimination est un combat permanent et d’actualité y compris dans nos propres rangs.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1002 ■ 20/01/2011