L’arbre qui cache la forêt

Un éducateur d’un centre éducatif fermé se présente à la gendarmerie de Saint-Genest-Malifaux dans la Loire, en compagnie d'un adolescent qui reconnaît avoir commis un cambriolage. Trois gendarmes décident alors de l’accompagner sur les lieux de son forfait. Le jeune ne les retrouvant pas, le chef de patrouille le menotte à un arbre pour lui faire recouvrer la mémoire. Le procureur n’a guère apprécié. Le militaire a été placé en garde à vue et suspendu jusqu'à son procès. Car il y aura bien jugement devant le tribunal correctionnel pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique. Le parquet a indiqué son intention de demander la révocation du gendarme. Cette réaction est on ne peut plus exemplaire. On ne peut que féliciter ce magistrat de la promptitude et la justesse de sa décision. Mais pour un abus stigmatisé, combien de forfaitures couvertes et/ou camouflées. Avant de disparaître, victime de la toute puissance du lobby répressif, la CNDS (Commission nationale de déontologie de la sécurité) s’est plaint d’avoir « été retardée, voire entravée, par les réticences, voire les refus, de certaines autorités administratives ou judiciaires » dans la menée de ses enquêtes.  Quant à ses demandes de poursuite disciplinaire, elles n’auront au cours de ses dix années d’existence eu que très peu de suites. Un pays ne peut que s’honorer de voir ses dérives policières réprouvées, poursuivies et sanctionnées. Il perd son âme à tenter de les escamoter.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1018 ■ 12/05/2011