Déscolarisation: mode d’emploi

Jusque dans les années 1970, 200.000 jeunes quittaient déjà le système scolaire, sans diplôme. Mais, le marché du travail proposait alors des emplois non qualifiés, en quantité suffisante. C’est vrai qu’avec un taux de chômage avoisinant les 2%, ça aidait. Aujourd’hui, c’est bien différent. Les 140.000 jeunes qui sortent sans la qualification requise pour répondre aux besoins d’une économie de plus en plus demandeuse de spécialisation, se trouvent en bien plus grande difficulté. Une réforme de l’Éducation nationale, d’une incommensurable stupidité, intervenue à bas bruit, à la rentrée 2009 n’a fait qu’aggraver encore plus la situation. Le ministère a alors décidé de supprimer les BEP et de réduire le nombre d’années d’étude du Bac pro. Les lycéens qui préparaient auparavant le BEP en deux ans, pouvaient ensuite, s’ils le souhaitaient, s’engager vers le Bac Pro et consacrer deux années supplémentaires à assimiler le savoir-faire correspondant. Dorénavant, la pression scolaire est d’autant plus forte que l’objectif doit être atteint dans un délai comprenant une année de moins. Dès le mois de novembre, les plus fragiles décrochent, se déscolarisent, dépassés parce que cela va trop vite. Les CAP qui étaient réservés jusque là aux élèves sortant de SEGPA, sont pris d’assaut. Une génération sacrifiée sur l’autel de l’économie budgétaire. Mais, soyons rassurés : si elle devait se révolter, on a construit des prisons pour mineurs pour les accueillir.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1030 ■ 08/09/2011