L’habit ne fait pas le moine

Jusqu’où l’originalité affichée est-elle tolérable ?
Qu’il me semble loufoque ce prêtre traditionaliste recouvert de sa soutane sombre. Qu’il m’apparaît grotesque ce juif orthodoxe portant papillotes et chapeau noir aux larges bords. Que je la trouve ridicule cette femme drapée dans un jilbab à la mode saoudienne allant du front au bas de ses chevilles. Que de dégaines burlesques dictées par la religion. Mais, après tout, sont-elles vraiment plus risibles que ces punks à la crête hérissée, ces gothiques tout de noir vêtus ou ces chevelures teintes en rouge ? Et ne suis-je pas moi-même ringard, quand j’endosse ma veste de jean du même ton que mon pantalon ?

Accepter l’autre
Chacun a le droit de porter un vêtement qui ne soit pas seulement utilitaire (chaud l’hiver et frais l’été), mais qui symbolise sa personnalité, ses convictions ou la tribu à laquelle il se rattache. Cette multiplicité est plutôt réjouissante. Il faut aller en Corée du Nord pour se voir imposer un style vestimentaire dicté par l’État et une coupe de cheveux imitant celle du dictateur. Tout ce qui permet à chacun de trouver son style et de développer sa singularité est légitime. Aussi, l’idée de renoncer à porter une Kippa, pour ne pas provoquer d’agression antisémite est-elle insupportable. Non en ce qu’elle cherche à protéger des croyants, mais parce qu’elle semble justifier cette discrimination. Ne devrions-nous pas tous plutôt en arborer une, en signe de solidarité ?

 

Journal de L’Animation ■ n°167 ■ mars 2016