L'Euro de foot va se dérouler du 10 juin au 10 juillet. Moins de quatre semaines de répit et les Jeux Olympiques de Rio prendront le relais, du 5 août au 21 août. De quoi régaler les amateurs de sport. Mais, de quoi tout autant consterner les allergiques du ballon rond et des jeux du cirque. Fermez la télé et plongez-vous dans les livres ! Et pourquoi pas dans ceux de la collection « Altérité critique sport » des éditions du Bord de l'eau qui égrènent tout le mal que ses auteurs pensent d'une institution sportive devenue la métaphore de tout ce que le capitalisme peut avoir de plus exécrable. Car, la mise en compétition des individus, la lutte qui oppose chacun à l'ensemble de ses adversaires, la recherche du perfectionnement sportif, l'entraînement sans limite de la machine/corps, la recherche médicale, génétique, biomécanique et chimio hormonale destinée accroître les performances ne sont que le reflet tourmenté et symétrique de la course au rendement, de la quête de productivité, de la mise en concurrence, de la réification des relations humaines et de la marchandisation de l'individu que nous impose le néo-libéralisme. Le sportif devant se dépasser et aller au-delà de ses limites pour réaliser l'exploit ne peut considérer le recours au dopage comme un choix, mais comme un passage incontournable, les vestiaires se transformant alors en officine pharmaceutique. Les héros du stade subissent au quotidien un entraînement acharné. Leur corps martyrisé par la violence des entraînements et leur psyché perturbée par l'addiction aux prouesses ? Soumis volontaire, il est prêt à tout accepter, non pour s'épanouir dans un corps sain et ressentir un bien-être radieux, mais pour réussir à atteindre son unique objectif : battre un record, pour abattre son adversaire. Ce qui répond exactement à ce qu'on attend de lui, l'idéologie dominante l'enfermant dans cette quête d'un parachèvement qui n'a que faire de sa santé ou de son équilibre. Bon foot et bon JO !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1188 ■ 23/06/2016