La précarisation contre le chômage?

Au cours du mois de mars, une partie de la jeunesse est descendue dans la rue. Avait-elle raison ou tort ?
En 2016, le chômage des jeunes est, comme depuis longtemps, le double de celui des plus âgés : 25,9 % contre 10 %. Pour répondre à cette plaie, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour assouplir le marché du travail. Les employeurs assurés de pouvoir licencier quand le carnet de commande diminue seraient incités à embaucher plus facilement quand il y a du travail. Des pays comme la Grande Bretagne et l’Allemagne ont appliqué cette politique avec succès, affichant un taux de sans emploi pour les moins de 25 ans de 13,5 % et 7 %, soit quasiment deux et quatre fois moins qu’en France. 
 
Résultats en trompe l’œil
Sauf que ces emplois créés, que ce soit pour les jeunes ou les plus âgés, cumulent les « mini-jobs », les contrats précaires et l’insécurité de l’emploi. L’exemple le plus caricatural est sans aucun doute ce contrat zéro heure passé entre l’employeur et l’employé en Grande Bretagne : le premier ne garantit aucun salaire ni aucun travail, mais le second doit se rendre disponible pour répondre à la demande du premier. Avec 1,5 millions de ces contrats qui diminuent d’autant le nombre de demandeurs d’emploi, il n’est pas difficile d’afficher de bons chiffres du chômage. Entre 2005 et 2013, le nombre de pauvres a augmenté de plus d’un millions tant en l’Allemagne qu’en Grande Bretagne, contre 102.000 dans notre pays.
 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°170 ■ Juin-Juillet 2016