La pensée réactionnaire

Elle est minoritaire, mais sature les médias. L’identifier doit permettre de l’évaluer.
L’identité française serait menacée par le multiculturalisme. La famille serait remise en cause par le divorce et le mariage pour tous. Les valeurs (chrétiennes de préférence) seraient mises en péril par le modernisme. L’école républicaine serait affaiblie par l’égalitarisme. L’autorité serait minée par le laxisme. La distinction sexuelle serait abolie par le combat contre les ségrégations de genre. La langue française serait détruite par toute simplification de l’orthographe. L’abolition de la fessée serait le triomphe de la tyrannie des enfants.
 
Combattre toute évolution
On n’en finirait pas d’énumérer les thèmes servant à illustrer le discours décliniste dénonçant l’écroulement prochain de notre civilisation ! Cette pensée rétrograde s’oppose à tout changement qui ne respecte pas des principes intangibles faisant appel au registre mythique d’une nation éternelle et d’une culture immémorielle, de modes de vie inamovibles et d’une morale intemporelle, d’une éducation invariable et de relations humaines immuables. Si toute évolution n’est pas positive par essence -comme le montre la croissance des inégalités résultat d’une mondialisation néo-libérale sauvage- le monde change et il est illusoire de vouloir se raccrocher à un passé qui, pour avoir aussi eu ses épisodes de gloire, avait autant sinon plus de défauts que notre présent. Méfions-nous d’une nostalgie trompeuse.
 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°185 ■ janvier 2018