AIRE - Mais qui sont-ils donc?

Il semble difficile d’identifier la population accueillie dans les IR -définie dans les annexes 24 comme souffrant de Troubles du Comportement avec une entité clinique unique. Les catégories qui servent à dénommer cette déficience rélèvent bien plus de rationalités administratives et politiques. Les Troubles du Comportement et ceux de la Conduite sont de plus en plus utilisées comme synonymes, alors même qu’au départ, le second concept désignait essentiellement les attitudes d’agression, de transgression voire délictueux. A présent, les deux termes désignent les perturbations intervenant dans la vie relationnelle de l’enfant avec son entourage. De nombreux modèles sont fréquemment évoqués. On parle d’abord de troubles réactionnels liés aux effets du milieu d’origine ou de l’histoire personnelle. Mais il est difficile de distinguer les facteurs relevant de l’organisation de la personnalité de ceux issus de facteurs extérieurs. Autre notion évoquée, celle de la carence: absence, manque de stimulation, expérience de déprivation. Pour autant, les mêmes situations ne provoquent pas les mêmes effets, chaque sujet étant doté d’un seuil différent de tolérance et d’une capacité adaptative quant à l’intégration précoce de ce défaut et au réaménagement défensif face à ce manque. Cela explique qua dans une même famille une même carence n’aboutisse pas au même résultat selon les enfants. On parle aussi beaucoup de dysharmonie évolutive quant au développement du langage, de la motricité et des fonctions intellectuelles. Nous n’oublierons pas les fameux troubles caractériels dont certains ont pu dire qu’ils reflétaient avant tout les réactions négatives d’un milieu qui se sentait perturbé dans ses valeurs et son autorité. Il convient de garder à l’esprit la notion de causes multifactorielles à la fois endogènes et exogènes. Quelques traits de caractère semblent néanmoins s’imposer. C’est le cas par exemple de l’intolérance à la perte et à la séparation qui amène l’enfant à alterner les demandes d’extrême proximité et d’extrême distance. La pensée a pour rôle de différer l’acte, ce qui semble impossible pour le sujet qui ne peut attendre avant de satisfaire son envie de bouger ou de capter. La projection dans le temps est impossible: pas de rappel des souvenirs ni d’élaboration de projets d’avenir. Autre trait caractéristique: l’iniorganisation du préconscient sous la forme de l’absence de l’accès au rêve, à l’imaginaire, aux fantasmes. On n’oubliera pas les importantes quantités d’énergie qui ne peuvent être transformées et qui sont seulement évacuées sous des formes souvent massives et incontrôlées de l’excès: débordement ou épuisement, ces manifestations se tournant soit vers l’extérieur (agresivité) soit vers le sujet lui-même (troubles psychosomatiques, périodes de sidération). Ce qui est important de retenir, c’est bien ce défaut de construction psychique qui fait que ce qui vaut pour nous, ne vaut pas pour l’enfant.

 

Jacques Trémintin – Juin 1997

 

« Les lieux de cure et de prévention ont vu leur fonctionnement réglementé par un décret du 9 mars 1956. Ce dernier comporte à ce jour 33 annexes. L’annexe XXIV, XXIV bis, ter, quater et quinquiès fixent les conditions techniques d’autorisation des établissements et des services prenant en charge les mineurs présentant des déficiences intellectuelles ou des inadaptations. Les Instituts de Rééducation sont distingués des I.M.P.: les IR, affirme l’article 1, alinéa 3, « ont la mission de prendre en charge des enfants ou adolescents dont les troubles du comportement rendent nécessaire, malgré des capacités intellectuelles normales ou approchant de la normale, la mise en oeuvre de moyens médico-éducatifs pour le déroulement de leur scolarité ». L’article 2 précise: « La prise en charge tend à favoriser l’épanouissement, la réalisation de toutes les potentialités intellectuelles affectives et corporelles, l’autonomie maximale quotidienne sociale et professionnelle. Elle tend à assurer l’intégration dans les différents domaines de la vie, la formation générale et professionnelle. » Un projet pédagogique, éducatif et thérapeutique doit préciser les modalités et moyens mis en oeuvre quant à la réalisation des objectifs que sont l’autonomisation du sujet en tant qu’individu et son intégration en tant que membre de la société.  Ce qui implique l’articulation de l’accompagnement des familles, des soins et rééducations, de la surveillance médicale à la fois générale et spécifiquement de la déficience, de l’enseignement préélémentaire, élémentaire, secondaire et technique et du soutien pour l’acquisition de connaissances et l’accès à un niveau culturel minimum, de l’action de socialisation et de développement de la personnalité. »