Bouzidi Eric - Start'air

Lien Social: Dans vos communes que l’on peut désigner comme « périurbaines », il y a-t-il vraiment nécessité de lutter contre la délinquance ?

Eric Bouzidi: Il y a surtout nécessité de lutter contre le désoeuvrement des jeunes. Et donc par répercussion, on lutte de  fait contre la délinquance !  Sur nos communes, il y a des lacunes en terme d’animation et d’activités en direction du public-jeune. Plus on retrouve des adolescents désoeuvrés et oisifs qui ne savent pas comment occuper leurs loisirs, et plus on les retrouve à perturber et à mettre un peu le « bazar ». C’est donc pas tant parce que ce sont de délinquants, mais parce qu’à la base, il y a ennui et inaction. Leur proposer des actions permet d’éviter qu’ils en inventent d’une façon qui n’est pas toujours acceptable.

 

Lien Social: Quelle collaboration avez-vous pu établir avec les Services Sociaux ?

Eric Bouzidi: Nous avons de très bonnes relations. L’intérêt de travailler avec les Services Sociaux  c’est qu’ils sont en contact avec des jeunes un petit peu plus perturbés. Ils peuvent ainsi servir de lien et de passerelle entre les familles, les jeunes et nous. Après, ça dépend des Services et des Travailleurs Sociaux. Selon les individus, on arrive ou non à bien bosser.

 

Lien Social: Avez-vous pu mesurer l’impact de votre travail à la fois sur les jeunes et sur la population adulte ?

Eric Bouzidi: Entre 1992 et 1994, on est passé de 200 à 700 participants aux activités. Purement au niveau des chiffres, l’impact semble évident. Par contre, plus il y a de monde à fréquenter l’opération été, et plus l’image de l’Association auprès des adultes est négative. Tout se passe comme si cette concentration les dérangeait. Cela on le constate de plus en plus fort. Sur certaines communes,  START’AIR n’est pas bien vu parce que c’est inquiétant de voir 50, 60, 70 jeunes se regrouper dans un même endroit sans que l’on sache trop bien ce qu’ils font ... Donc vis-à-vis des jeunes, ça passe bien, mais par rapport aux adultes, on a un sacré travail d’information à accomplir.

 

Lien Social: Après l’afflux impressionnant de l’été 1994,  l’Association s’est interrogée sur ses limites. Quelle a été finalement  la décision qui a été prise ?

Eric Bouzidi: Le Conseil d’Administration a budgété pour 480 participants, tout en décidant qu’on ne refuserait pas les jeunes qui se présenteraient. A ce jour, à quinze jours du début des vacances, nous en sommes déjà à près de 500 inscrits !

 

Propos recueillis par Jacques Trémintin
Juin 1995 – Non paru