Van Keirsblick - Service du Droit des Jeunes

Lien Social: Vous vous positionnez du côté des usagers contre les Administrations et les Institutions, comment êtes-vous vécu par ces dernières ?

Benoît Van Keirsbilck: On ne se positionne pas contre les Administrations puisque dans un certain nombre de cas, on les aide à accomplir leur mission. On vise à faire en sorte que le droit des usagers soit respecté. La manière dont on est perçu est très variable. Il y a des endroits où notre intervention est très mal vécue: on est vraiment des empêcheurs de tourner en rond. Je pense notamment aux écoles qui parfois nous accusent de les empêcher de faire leur travail pédagogique. Dans d’autres lieux, il y a une prise de conscience d’une possibilité de dialogue. Le cadre de départ une fois fixé -et celui-ci est d’ordrejuridique- il y a possibilité de discuter des questions et essayer de les résoudre à l’amiable. Il nous arrive parfois de recevoir des jeunes envoyés par une administration quand celle-ci a à se plaindre d’une autre. L’école nous adresse un élève se plaignant de sa famille, la famille nous contacte quand elle est en butte aux allocations familiales. Le Centre Public d’Aide Social conseille à la famille de venir nous voir quand le jeune a été exclu de l’école.

 

Lien Social: Justement, dans quelle proportion votre travail aboutit-il respectivement à une résolution des problèmes à l’amiable et à la saisine judiciaire ?

Benoît Van Keirsbilck: De l’ordre de 20 à 30% de nos dossiers sont résolus par le biais d’une action en justice. Dans ce pourcentage, il faut toutefois tenir compte des jeunes qui subissent une procédure devant le tribunal de la jeunesse et qui ne sont donc pas à l’initiative de la demande de résolution de leur affaire par la justice. Dans les chiffres qui incluent les dossiers n’ayant pas recours à la justice, il faut tenir compte aussi  des situations où on n’a plus de nouvelles des gens, alors que peut-être, ils sont allés voir leur avocat de leur côté et ont mené la procédure jusqu’au bout.

 

Lien Social: N’y a-t-il pas un risque de confusion entre votre action qui relève du travail social et l’activité d’un cabinet d’avocat ?

Benoît Van Keirsbilck: On nous assimile parfois effectivement au travail d’un cabinet d’avocat. Mais la différence fondamentale, à mon avis, réside essentiellement dans le fait que nous avons une mission d’éducation et une mission pédagogique qui sous-tendent l’ensemble de nos interventions. On ne va pas se contenter du résultat judiciaire. On va veiller à ce que le jeune apprenne quelque chose dans le courant de la procédure et qu’il soit mieux à même de se prendre lui-même en charge, qu’il soit mieux à même de comprendre le fonctionnement des Institutions. Par exemple, le jeune renvoyé de son école doit savoir quels sont ses droits mais aussi ses obligations et ses responsabilités au sein de cette structure.

 

Propos recueillis par Jacques Trémintin

LIEN SOCIAL ■ n°366  ■ 26/09/1996