Graines de futur

Godard Philippe, Éd. Cet atelier, là, 2019, 175 p.
cetatelierla@laposte.net.

Donner la parole aux enfants de foyer, c’est leur accorder de la valeur et surtout ne pas les réduire à l’échec de leurs parents et de la société. C’est ce qu’a proposé Philippe Godard à un groupe vivant dans celui de Vesoul. Les entretiens collectifs, puis individuels ont pris jusqu’à sept heures. Leur retranscription montre la diversité des vécus de chacun. Il n’est pas possible d’identifier une parole commune. Chacune est singulière. Les uns rejettent le placement, quand d’autres l’apprécient. Elias (13 ans), lui, se montre partagé : « j’aimerais vivre un peu chez moi et un peu ici ». Il est bien difficile parfois de s’habituer : « vivre ensemble n’est pas facile quand on a envie d’être seule et que tout le monde crie », confie Lucie (13 ans). Mais, tant qu’à choisir, Anna (13 ans) « préfère la vie en collectivité qu’en famille d’accueil ». Mais, ce n’est pas l’avis de Roméo (11 ans) « ma famille d’accueil me manque ». Pour Fatima (12 ans), que sa mère n’était pas en capacité de garder chez elle : « ici, pour l’instant, c’est chez moi ». Samy (6 ans) explique que son papa lui a fait des choses interdites. C’est pourquoi il ne le voit plus. Tout comme Schady (16 ans) qui semble soulagée d’être à distance d’une mère avec qui elle a vécu « des choses horribles ». Pour Coralie (18 ans), « le foyer m’a permis de me canaliser, de me remettre beaucoup en question ». Pareil pour Noelina (17 ans) qui reconnaît : « j’ai eu de la chance d’être au foyer ». Mais, ce n’est pas le cas pour d’autres enfants qui, refusant d’être là, se montrent violents ou fuguent. Anna (13 ans) n’a qu’un désir pour l’avenir : « je veux oublier les institutions ». Le rêve de Scheylsea (16 ans) ? Faire un tour du monde en van ! Autant de paroles signes d’une maturité acquise bien trop rapidement.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1289 ■ 16/02/2021