Guide pratique de l’accompagnement social - Fiches méthodologiques

UNIOPSS, Syros, 1995, 212 p.

Les associations caritatives prennent dans le paysage social de notre pays une place de plus en plus importante. Leur activité ne se limite pas à la simple soupe populaire, aux colis alimentaires ou aux vestiaires. Familles d’accueil de vacances, lieux d’hébergement et d’accueil pour les plus démunis, présence militante active dans les quartiers les plus déshérités, ces associations sont devenues des partenaires incontournables des services sociaux. Leur place est d’autant plus prégnante que divers dispositifs officiels les reconnaissent comme opérateur en matière de suivi des personnes en difficulté (et ce tant au niveau du Fonds Social au Logement que du R.M.I. ou des Entreprises d’Insertion). Se pose dès lors la question de l’articulation entre professionnels du social et action associative animée encore pour l’essentiel par des bénévoles (même si de plus en plus de salariés sont recrutés). Les premiers bénéficient d’un statut, d’un salaire, d’un contrat de travail, d’une formation reconnue par un diplôme (du moins dans la plupart des cas) et agissent non à partir de leur engagement personnel mais sur la base d’une fonction que leur fixent l’Institution ou l’Administration qui les emploient. Qu’est-ce qui, dans ces conditions, va distinguer le bénévole ? Pour répondre à cette question, on peut se référer au « Guide pratique de l’accompagnement social » qui se présente sous la forme de 28 fiches méthodologiques. Ce livre est issu d’une commission d’étude au sein de l’UNIOPSS. L’Union Nationale Interfédéral des Oeuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux regroupe 140 adhérents ayant un rayonnement national, 22 Unions Régionales qui réunissent elles-mêmes plus de 7.000 établissements, services, lieux d’accueil et de soutien de forme associative.

Définition de l’accompagnement social, modalités d’intervention, modes d’organisation, articulation avec les dispositifs et autres partenaires constituent l’essentiel de cet ouvrage fort utile pour comprendre la logique de ces militants du lien social et de la citoyenneté. Ceux-ci interviennent auprès de personnes en situation ou en danger d’exclusion dans la limite où elles n’ont pas basculé dans des pathologies touchant à l’extrême violence, la toxicomanie suicidaire ou la folie. Le principe de base de cette aide consiste dans la démarche volontaire de la personne demandant assistance mais  restant à tout moment actrice de son histoire et de son devenir. En cela, elle se distingue d’un « suivi » ou d’une tutelle. L’accompagnant revendique un mandat qu’il tient de son organisation et un travail d’équipe, toutes choses qui lui permettent d’éviter la dérive de la relation vers la sphère privée. Trois axes essentiels sont proposés qui excluent toute intervention de type psychologique ou thérapeutique: la médiation auprès de l’administration, le conseil et le soutien, enfin l’action sur le réseau de proximité. Au total, une lecture instructive quoique parfois surprenante. Le guide préconise de dépasser l’empathie (identifiée à de la compassion), de partir de la demande exprimée (au lieu d’essayer de décrypter la « demande apparente » pour aboutir à des « besoins réels ») et explique qu’évaluer consiste à porter un jugement de valeur sur l’action menée !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°358  ■ 20/06/1996