Assistante sociale auprès des personnes âgées

Richard Vercauteren & Anna Latouche, érès, 1997, 151 p

La politique de la vieillesse commence dans notre pays par le vote de la loi de1905 sur l’assistance aux personnes âgées sans ressources. Elle continuera par la création des retraites ouvrières et paysannes en 1910. Progressivement, on passe d’une solidarité naturelle exercée par la famille à une solidarité construite prise en charge par la société. Depuis les années 50, la baisse du taux de fécondité associée à l’allongement de l’espérance de vie a abouti à l’augmentation de la proportion des personnes âgées au sein de la population globale. Dès 1962, le rapport Laroque pose les grands axes de la politique contemporaine qui découle de cette évolution : différer les dépendances provoquées par la vieillesse, maintenir le plus tard possible à domicile, développer le savoir sur ces questions et coordonner les services d’aide et d’accompagnement.

Les personnes âgées entrent en maison de retraite en moyenne à 85 ans. L’abandon de leur habitation, le choix auquel elles ont du procéder quant aux objets à emporter, la perte des activités du quotidien tels la préparation des repas, l’entretien du logement, l’achat des courses … c’est un large pan de leurs repères et de leur autonomie qui s’évanouit. Comment ne pas comprendre dès lors le mal-être qui s’empare d’elles sous forme de perte d’estime de soi, d’apparition d’un syndrome dépressif ou de la centration sur les préoccupations autour du corps. Les assistants de service social sont convoqués par cette nouvelle et ultime rupture de la vie de l’homme qui peut plonger dans la mort sociale et la solitude. Ils jouent un rôle central tant par rapport à la personne âgée (ils restituent sa parole quand on veut la lui enlever), qu’à sa famille (en dynamisant les solidarités informelles), aux aides dont elle peut bénéficier (ils font partie de la commission qui attribue la prestation spécifique dépendance) qu’aux institutions susceptibles de la recevoir (aide au financement des maisons de retraite), sans oublier la coordination des différents intervenants (médecins, infirmières, aides-soignants, aides-ménagères).  L’accompagnement de la personne âgée s’appuie sur des registres d’ordre émotionnel et psychologique directement liés à son désir de vivre  dans l’immédiateté. Cette action prend au moins  trois dimensions : lui permettre de parler d’elle comme moyen de dire ce qui l’étouffe, lui permettre de se réapproprier son passé comme vecteur de réintégration d’une citoyenneté perdue, lui permettre d’identifier ses potentialités comme manière de valoriser ses richesses et expériences.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°429 ■ 12/02/1998