Les interventions auprès des parents - Bilan et analyses des pratiques socio-éducatives

Gérald BOUTIN  et Paul DURNING, Privat, 1994,  208 p.

Depuis une cinquantaine d’années les conditions d’intervention des travailleurs sociaux auprès des familles ont subi une évolution très importante.

Il y a d’abord ces mutations familiales qui ont bouleversé le paysage (augmentation des divorces, émergence des foyers monoparentaux, ...), mais aussi la modification des relations entre parents et enfants. La politique des Etats a de son côté joué aussi un rôle non négligeable: responsabilisation des parents et abandon des pratiques d’éloignement systématique des enfants (pour des raisons psychologiques mais aussi financières).

C’est pourquoi réaliser un état des lieux pouvait sembler opportun. C’est à ce travail que se sont attelés deux universitaires, l’un français (Paul Durning), l’autre québécois (Gérald Boutin). Leur ouvrage tente de décrire tant les Institutions que les modèles d’intervention des deux côtés de l’Atlantique.

Sur le vieux continent, les sources d’inspiration des travailleurs sociaux apparaissent ainsi nombreuses et diversifiées selon un souci qui se veut pluridisciplinaire. Sur le continent américain au contraire, ces mêmes personnels agissent dans le cadre de programmes très précis et exclusifs. Ainsi travaillent-ils sur un mode comportementaliste ou systémique ou encore adlérien par exemple.

Pour mener à bien ce travail, les intervenants se réclament de trois sortes de statut: le professionnel dûment formé, qualifié et rémunéré. Le bénévole qui est animé de motivations philosophiques ou religieuses. Enfin le bénéficiaire (ou ancien bénéficiaire) qui veut faire profiter de son expérience.

L’action sociale se heurte aux risques du contrôle social et/ou de la simple transmission de normes. C’est pourquoi, elle s’intéresse tout particulièrement à la mobilisation de l‘usager et à l’élucidation du processus par l’intéressé lui-même afin qu’il accède à la maîtrise de son destin. Les populations concernées sont autant les enfants victimes de handicaps physiques ou/et mentaux que ceux connaissant des difficultés sociales, éducatives ou affectives. Les pratiques ne sont pas uniques, mais s’adaptent à chacune des particularités de ces inadaptations. Pour autant on peut définir les étapes de l’intervention. Il peut s’agir tout d’abord de soutenir une famille au sein de laquelle on sent poindre une faiblesse ou une faille. Là subsiste l’inévitable fonction de surveillance: veiller à ce que le risque sous-jacent ne se concrétise pas. Pour l’éviter, existent les dispositifs de prévention primaire: renforcer les compétences des personnes ou groupes pour renforcer leurs capacités d’auto-prise en charge. La prévention secondaire, elle, opère quand la difficulté s’est manifestée: il est alors nécessaire de tout faire pour éviter l’aggravation de la situation. La réparation du trouble passera par une tentative de modification des pratiques et comportements de la famille. En cas de maintien d’une situation pathologique, des solutions extérieures seront recherchées. La priorité donnée au travail au sein-même du milieu naturel est une constante actuelle. L’objectif restant bien d’apporter une amélioration substantielle tout en réduisant au maximum les effets négatifs induits par l’intervention. Le but final consiste bien à essayer de réunir les conditions afin que l’action sociale ne soit plus nécessaire.

 

Jacques Trémintin – Août 1995