Les amandiers en fleurs de Jérusalem

LALEUM Edgar, Éd. La Boite à Pandore, 2021, 135 p.

Arrivé en Israël, dans les années 1970, Edgar Laleum intègre un kibboutz en basse Galilée, attiré par cette expérience collective bannissant l’argent, la propriété privée, l’héritage, la concurrence, la hiérarchie et le pouvoir. En 1981, désillusionné et déçu, il rejoint Jérusalem où une équipe de prévention spécialisée monte le projet Bait Ham : assurer un travail de rue auprès de jeunes migrants issus des communautés juives d’Irak, d’Egypte, de Lybie, de Tunisie, du Yemen ou du Maroc confrontés à l’humiliation et à l’exclusion tant sociale que culturelle que leur renvoie la société israélienne. Face à une approche éducative locale largement imprégnée par le comportementalisme, l’équipe s’inspire des pratiques des clubs de prévention français : pensée marxiste sur la justice sociale, psychothérapie institutionnelle, mixité, autogestion … Il ne faut pas traiter les symptômes mais remonter aux causes dans une dynamique holistique, telle est sa conviction. A preuve, cet épisode cocasse de ce groupe de jeunes à qui l’équipe a laissé le choix de la décoration de leur local. Poussant la provocation à son extrême, ils y peignent une gigantesque … croix gammée ! L’évidence s’impose : la délinquance, la toxicomanie et la prostitution qui font des ravages ne prennent par leurs racines uniquement dans la précarité économique, mais aussi à travers le prisme de la profonde carence de repères identitaires. Passerelles, rencontres, séjours communs … tout est fait pour favoriser les échanges entre jeunes israéliens et jeunes palestiniens. Tout s’effondrera avec l’affaiblissement du camp de la paix, la montée des forces religieuses et la seconde intifada. Berbère, arabe et juif, l’auteur revient vivre en France où il a grandi, porteur ici, comme là-bas, du même message de fraternité.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1315 ■ 12/04/2022