Relation d’aide et travail social

Joëlle Garbarini, E.S.F., 1997, 108 p.

L’auteur, assistante sociale de formation, est enseignante à l’I.R.T.S. de Paris. Elle décortique dans cet opuscule la relation de face à face dans les professions d’aide à la personne. Cette recherche a pu être réalisée grâce à des entretiens individuels et de groupe de 36 professionnels.  Support de cette étude, 12 photos présentant différentes situations à partir desquelles ces derniers se sont exprimés.

Aider l’autre implique entrer en contact au travers de ses propres affects. Le lien de confiance indispensable à l’efficacité du travail ne peut s’engager que s’il y a une accroche basée sur la recherche du vrai que l’on peut identifier à une sorte de communion voire de fusion. En s’impliquant personnellement, l’intervenant incite l’usager à le faire aussi. Dès lors, le danger consiste bien à ne plus pouvoir ni prendre le recul nécessaire ni de démêler ses sentiments de ceux qu’on cherche à aider. C’est de cette crainte que vient le tabou du toucher: entrer en contact physique risquerait de faire perdre alors le contrôle de ce qui se déroule. Mais cette disponibilité, ce don de soi ne sont pas gratuits. Ils renvoient à la confirmation de sa propre valeur et à une image positive de soi. Il y a aussi ce désir de réparation et de rôle parental de protection et de sauvegarde. En outre, la relation de face à face se traduit aussi par l’exclusion du tiers. Que ce soit les partenaires sociaux, la hiérarchie, les collègues, ils sont perçus comme des relais potentiels, mais tout se passe comme si la responsabilité ne se partageant pas, le professionnel se retrouvait face à elle dans la solitude de la prise de décision.

Joëlle Garbarini consacre la deuxième partie de son ouvrage à une classification des différentes modes d’intervention dans la relation d’aide. Cinq typologies sont d’abord définies dans une logique de directivité ou d’influence. C’est l’aide-relais qui consiste à suppléer à un moment donnée un usager déficient. L’aide-accompagnement correspond aux démarches au cours desquelles on se tient à ses côtés pour le soutenir et lui permettre de les accomplir. L’aide-guide relève plus de la canalisation, de la mise sur des rails qui favorisent l’aboutissement des objectifs visés. L’aide-soutien comporte à la fois la notion de protection et de valorisation. Enfin, vient l’aide-interprétation qui tend à éclairer et donner du sens aux comportements et attitudes dont on est témoin. Deux autres formes d’aide sont présentées comme non-directives et non-influentes: il s’agit de la compréhension (entrer en vibration emphatique avec l’autre) et de l’information (fournir les renseignements nécessaires). Au travers de sa technique d’aide, le professionnel se trouve placé entre la quête de l’autre et la nécessaire prise de distance à son égard.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°411  ■ 25/09/1997