Les controverses du travail social en France et en Allemagne. Par delà les idées reçues

MULLER Béatrice, MICHON Bruno, SOMOT Blandine (sous la direction), Ed. L’Harmattan, 2015, 251 p.

Pour être voisin, la France et l’Allemagne ont chacune une histoire et une culture différentes marquées par la puissance du centralisme jacobin pour la première et le fédéralisme articulé au principe de subsidiarité pour la seconde. L’hexagone fonctionne dans une logique descendante, l’initiative venant du haut, quand l’État central intervient uniquement en cas de carence du pouvoir local dans la culture germanique. Aussi, comparer leur action sociale des relève-t-il d’une gageure. C’est pourtant bien ce que nous propose cet ouvrage qui décrit avec habileté les différences légales, règlementaires et professionnelles. Loin de vouloir transférer les savoir-faire d’un côté ou de l’autre, les auteurs pointent les écarts entre une Allemagne centrant le travail social avant tout sur la prévention, alors que la France s’appuie surtout sur une dimension bien plus curative. En matière de protection de l’enfance, l’intervention au sein des familles pour les soutenir est privilégiée outre-Rhin, là où dans notre pays le choix se porte surtout sur le placement des mineurs, et la séparation d’avec leurs parents. Si l’action de l’équipe d’éducateurs de rue de la Menau à Strasbourg a permis l’interpellation des pouvoirs publics et la mise en place d’un contre-pouvoir des habitants incités à s’auto organiser pour faire valoir leurs droits, cette approche est plutôt exceptionnelle, aucun module d’une quelconque école de formation ne préparant les futurs travailleurs sociaux à ce type de travail social sur le commun. En Allemagne, il est courant de développer le pouvoir d’agir visant  l’émancipation des populations, les professionnels n’agissant pas « pour elles », mais « avec elles ».

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1195 ■ 18/10/2016