Le travail de coordonnateur dans le champ social et éducatif

Gauffer Christian, Ed. L’Harmattan, 2019, 119 p.

Le nouveau paradigme de l’action sociale s’organise à partir du projet d’établissement et de l’évaluation s’ordonnant autour d’impératifs financiers et d’une approche quantitative du travail. Le dirigeant n’est plus cette figure charismatique faisant autorité, mais un gestionnaire fonctionnaliste contraint à renoncer aux valeurs humanistes. Le travailleur social perd progressivement sa qualité de sujet pensant pour ne plus être qu’un exécutant soumis aux protocoles et aux référentiels normés. C’est dans cette confrontation qu’a émergé une nouvelle fonction : celle de coordonnateur. Bien des institutions se sont engouffrées dans la création de ce poste, suite à un audit ou sur recommandation d’un cabinet de consultants, sans qu’elle n’ait été pensée, préparée, conçue et mise en place à partir d’un diagnostic partagé avec le personnel, de l’exploration de sa légitimité ou de la délimitation de ses finalités. Résultats de cette démarche, une confusion déstabilisante et une incertitude insécurisante. Christian Gauffier nous propose d’identifier le profil de cette fonction qui permettait d’éviter les dérives qui la menacent, en se lançant sans outil, ni concept ou méthode. Le coordinateur ne doit être le porte-parole ni des salariés (le confondant avec un délégué syndical), ni de la direction (le réduisant à une simple courroie de transmission). Il doit pouvoir jouer un rôle de tiers qui ne s’en tient pas au travail prescrit déterminé à partir de critères de performance ou d’économies à réaliser, mais qui s’appuie sur le travail réel, sans prétendre savoir à la place des autres. Il peut apporter du neuf, dès lors où il crée un espace de réflexion et de coopération où s’élabore la dimension collective du travail et se conforte le sens de l’action menée.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1261 ■ 12/11/2019