Et si les habitants participaient?

BACHIR Myriam, Éd. L’Harmattan-Éd Licorne, 2018, 199 p.

La démocratie représentative ne prévoit pas la consultation des citoyens hors période électorale. Pourtant, ont émergé, un peu partout dans le monde, des expériences plurielles, floues et non stabilisées de participation citoyenne.

La France n’y a pas échappé connaissant une importante production d’initiatives : comité des sages, conseil de quartier, assemblée de voisinage, jury citoyen, budget participatif … Mais, ces tentatives de démocratie directe ressemblent trop souvent à la simple ratification à posteriori de choix faits a priori, sous le contrôle d’élus et de bureaucrates les réduisant au rôle d’auxiliaire du jeu représentatif. Les participants sont sommés de s’investir sans que le sens de leur rôle ne soit explicité. Leur fidélisation est inversement proportionnelle à la réalité de leur pouvoir d’agir. Victimes de l’impréparation, de la condescendance et de la culpabilisation, ils en sortent déçus et humiliés par des rapports de domination et des violences symboliques, avec un sentiment de trahison.

Bien différents sont ces collectifs citoyens reconnus dans leur compétence à dire leurs besoins et à proposer des réponses concrètes. C’est cette expérience de contre-pouvoir réussi que nous décrit l’auteur qui s’est immergé de 2015 à 2018 au cœur du quartier d’Étouvie situé sur Amiens ouest. Ses habitants se sont ainsi montrés capables d’inventer des espaces démocratiques leur permettant d’agir directement sur leur quotidien en étant force de proposition concrète auprès des pouvoirs publics. Ils sont devenus les acteurs des changements les concernant, utilisant une multitude d’outils pour affirmer leur propre expertise : actions de sensibilisation, balade diagnostic, enquête de besoins, questionnaires, porte-à-porte, propositions alternatives …

Un exemple à démultiplier.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1274 ■ 26/05/2020