Le partage d’informations sociales : entre droit et éthique

DAADOUCH Christophe et PUECH Laurent, Éd. EHESP, 2023, 176 p.

Les fondements du secret professionnel ne sont-ils pas remis en cause par les partages d’information qui se sont multipliés ces dernières années ? A quelles conditions les évitent-ils ? Voilà un manuel d’application que devraient lire tous les professionnels de l’action sociale.

L’obligation du secret professionnel sécurise la relation d’accompagnement, rappellent d’emblée les auteurs. Elle renforce la confiance et garantit la crédibilité du travail des intervenants, en préservant l’intimité et la vie privée des usagers.

Ce principe essentiel se heurte toutefois au triptyque des trois « co » : cohérence, continuité et coordination de l’intervention. Cela fait déjà de nombreuses années que les travailleurs sociaux sont confrontés à cette pluridisciplinarité nécessitant de croiser leurs regards, d’articuler leurs expertises et de faire lien entre eux.

La transmission des informations disponibles renforce la force du collectif de travail. Elle amoindrit la subjectivité des évaluations. Elle permet au parcours de la personne de se déployer. Elle donne du sens au travail d’équipe, en favorisant les discussions entre pairs. Elle fait vivre le réseau et le partenariat devenus incontournables.

Mais, elle peut tout autant servir à soulager les angoisses et remplir un rôle d’exutoire. Elle peut nourrir l’affichage de la curiosité et la tyrannie de l’anecdote. Et si la surcharge informationnelle tue l’info, c’est parce que sa multiplication nuit à son actualisation, à sa hiérarchisation ou à sa contextualisation.

Comment continuer à travailler ensemble, en échangeant des informations sur l’usager sans le trahir ? Les deux auteurs proposent une revue de détail de ce que la législation en vigueur prévoit dans les différents secteurs concernés : médical, handicap, hébergement, PJJ, protection de l’enfance, droits des étrangers etc…

Mais très vite, les règles légales touchent à leurs limites. Parce que toute transmission se situe au carrefour des attentes de la personne accompagnée, de l’institution employeuse, des exigences de la déontologie professionnelle et des prescriptions du législateur. Il n’existe aucune réponse absolue, valable en toutes circonstances permettant de les satisfaire toutes.

Face à la complexité de concilier tous ces aspects contradictoires, le renfort de l’éthique apparait indispensable. D’abord considérer que ce partage n’est jamais un objectif, mais toujours un moyen. Ensuite, que c’est une faculté et jamais une obligation (sauf quand la loi en décide autrement). Enfin, que le professionnel reste le seul arbitre des éléments strictement nécessaires qu’il décide de partager.