Que veut dire accompagner ? Conseiller, soutenir, former …

BOULARD Danièle, DUGUAY Benoit, Éditions Liber, 2018, 139p.

Il est toujours intéressant de prendre connaissance des représentations que se font nos collègues étrangers de la relation d’aide, d’autant plus quand ce sont nos cousins québécois qui s’expriment. L’occasion de comparer, en mesurant la proximité et la distance.

Certes, Alexandre Labelle nous a permis de mesurer le gouffre qui nous sépare, en ce qui concerne la protection de l’enfance. Le travail d’éducation au sein des lieux de vie de la protection de l’enfance et de la jeunesse (tremintin.com) Qu’en est-il de l’accompagnement pour nos deux auteure(e)s respectivement titulaires d’un doctorat en communisation pour l’une et professeur en science de gestion à l’Université de Québec à Montréal, pour l’autre ?

Ils reprennent d’abord la définition la plus fréquente : ni devant, ni derrière, ni à la place, mais côte à côte ! Ah bon, cela n’arriverait donc jamais d’être devant un usager à lui montrer le chemin, derrière à le pousser, à sa place quand la démarche est dans l’instant trop compliquée ou douloureuse à assurer ? La référence à Maëlla Paul qui compare cette fonction à un guide de montagne vient néanmoins nuancer cette réduction au simple rôle de témoin plus ou moins impliqué : entraîner, diriger, guider, conseiller, éduquer, éveiller, accueillir, veiller … sont autant de postures qui s’additionnent ou se combinent potentiellement. Enfin, advient l’affinement bienvenu : il n’y a pas en la matière de prêt-à-porter, de recettes toutes faites, ni de solutions toutes faites. Tout doit se construire dans une interrelation dynamique. 

Et si l’existence d’affinités est préconisée comme facilitatrice d’une harmonie et d’une complicité avantageuses, n’apparaissent guère cette plasticité, cet ajustement, cette adaptabilité. Ce dont doit faire preuve l’accompagnateur en déployant une empathie, une congruence, une écoute active nécessitant autant des prérequis qu’un long apprentissage qui se poursuit tout au long de son existence. A noter toutefois, la place bien mise en perspective ici de l’apprentissage mutuelle d’une relation qui enrichit chacun(e) de ce que lui apporte l’autre.

Les mille visages, que l’accompagnement peut pendre, amalgament ici le mentorat, le coaching, le tutorait, le jumelage, le parrainage … Transmettre, relayer, conseiller, faciliter seraient donc les rôles des mentor, maître à penser, guides et chargés de discipline exerçant dans la Belle Province.  Jusque et y compris le E-mentorat utilisant les outils internet utilisant la distance physique et l’échange différé.

Voilà donc une contribution de ce savoir académique à prendre en compte. Il prend toute sa place mais seulement sa place aux côtés des savoirs d’agir professionnel et expérientiel qui manquent beaucoup ici et dont l’articulation est toujours profitable.