Le tour des autres et de moi-même à bord du Bel Espoir

Emmanuel Guiavarch, Ed.Ancre de Marine, 2013, 149 p.

En 2011/2012, l’émission Thalassa a emmené ses téléspectateurs à la rencontre des ports français, à bord du Bel Espoir, cette Goélette à trois mâts, véritable école de la vie que le Père Jaouen a affrétée, en 1968, pour embarquer des équipiers constitués de personnes en difficulté. De Dunkerque à Ajaccio, en passant par Le Havre, Bayonne ou Marseille, sous le soleil ou sous la pluie, dans la pétole ou le grand frais, ce ne sont pas moins de six commandants qui se sont succédés. Près de quatre vingt jeunes et leurs encadrants venant de centres de réinsertion en milieu ouvert ou fermé ou d’instituts spécialisés sont montés à bord de ce vieux rafiot tout en bois. Aventure inattendue que cette vie confrontant le candide au mal de mer, aux toilettes à pompe, au bruit du moteur, à l’odeur de gazole, aux fuites d’eau dans les chambrées, à l’humidité, au froid et au vent. Des cabines de deux ou trois bannettes guère accueillantes, ressemblant aux vieux internats poussiéreux, voire aux cellules que certains jeunes montant à bord ont déjà connus. Ici la promiscuité remplace le confort habituel. Pas de douche, quand on veut, pas d’électricité à certains moments de la journée. Cure de désintoxication de Facebook et de Twitter, d’internet et des jeux en ligne. Des membres d’équipage aux pieds nus et aux vêtements sans marque, juste vêtus d’un tee shirt arborant « Bel Espoir » souvent souillé ou déchiré. La fascination l’emportant, personne ne rechigne aux tâches ménagères, un membre de l’équipage relevant les prénoms, y compris celui du capitaine, pour constituer cinq groupes qui feront chacun plusieurs corvées durant le séjour. Le dessinateur Emmanuel Guiavarch, chargé d’illustrer en direct les rendez-vous hebdomadaires de Thalassa, nous propose ici un superbe carnet de bord où ses dessins illustrent avec bonheur un récit et des témoignages hauts en couleurs.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1128 ■ 21/11/2013