Les rendez-vous manqués avec les souffrances muettes des enfants

SERON Claude, Ed. Parole d’enfants, 2018, 163 p.

Vingt ans de journées d’étude et de formation, de thérapies et d’accompagnement des enfants victimes et de leur famille, cela laisse des traces. Ce savoir, ce savoir-faire et se savoir être, Claude Seron nous en propose ici une synthèse didactique plongeant ses sources dans les multiples rencontres avec tant de chercheurs, de praticiens et d’usagers. Le manque de disponibilité des parents face à la souffrance de leurs enfants n’a parfois d’égal que la dissociation des professionnels ignorant eux-mêmes les indices laissés pourtant en évidence. La réactivation d’une histoire personnelle ou l’irruption d’une angoisse irrépressible, un passé d’enfant dont les traumatismes subis n’ont jamais été reconnus pèsent parfois lourdement. Pour autant, faut-il forcer la révélation ? Ouvrir la porte risque de briser le fragile processus d’autoprotection. Ne pas le faire serait apparaître soit comme complice, soit dans la dénégation. Le professionnel doit accepter de se laisser toucher, affecter et déstabiliser par ses propres émotions, tout en évitant qu’elles ne le débordent. Il doit admettre d’être ballotté dans une dialectique alternant haine et amour, dégoût et compréhension, désir de sauver et envie de fuir, tout en réussissant à trouver le juste équilibre que nécessite le soin. Il doit se montrer authentique, utiliser un répertoire allant de l’empathie silencieuse à la mise en question abrupte, considérer les membres de la famille comme autant de partenaires et de compagnons de route, être en alliance avec chacun et en coalition avec aucun, formuler de manière acceptable et digeste. Ces postures sont illustrées par de multiples vignettes cliniques mettant en pratique nombre de méthodologies : ribambelle, ligne de vie, jeu de l’oie systémique, lettre du futur…

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1245 ■ 21/02/2017