L’enfant victime d’abus sexuels

GAUTHIER  Dominique, Nodules puf, 1994, 123 p.

Les éditions puf proposent une petite collection de poche (« nodules ») qui se propose de faire le point sur des sujets de psychiatrie d’une façon qui soit à la fois synthétique et lisible pour le profane. L’opuscule consacré aux abus sexuels dont sont victimes les enfants n’échappe pas à cette règle. Il nous offre un tour d’horizon précis et très documenté sur ce problème dramatique. C’est à partir de nombreuses études déjà réalisées que l’auteur aborde des thèmes tels les facteurs de risque, les incidences sur le psychisme de l’enfant ou la question des allégations. C’est peut-être ce dernier point qui est le plus innovant par rapport aux nombreux ouvrages déjà parus sur cette réalité et critiqués ici.

Rejetant délibérément aussi bien le déni psychanalytique de ce qui est alors perçu comme le fantasme d’un enfant seducteur aux désirs pervers, que l’illusion selon laquelle « l’enfant ne ment jamais », Dominique Gauthier cherche à y voir plus clair. S’appuyant sur les nombreuses recherches effectuées, il retient que dans le cas général, 5% des allégations environ peuvent être considérées comme fausses. Ce chiffre peut atteindre les 50% en cas de conflit parental au cours duquel le droit de garde peut être en jeu.  Certains indices permettent de pencher plus pour la fausse allégation, d’autres pour une révélation fondée.

Dans la première situation on trouve une facilité avec laquelle l’enfant donne l’explication, en l’absence d’anxiété particulière, l’emploi d’un vocabulaire adulte, la difficulté à entrer dans les détails et le soutien affectif fort d’un des parents représente alors des constantes marquantes.

Dans la seconde situation, on remarque souvent un discours confus, hésitant, souvent suivi de rétractations, accompagné d’affects dépressifs et de souffrance. La réticence à parler en présence de ses parents et une terminologie adapatée à l’âge de l’enfant complète le tableau.

Dans tous les cas, vraies ou fausses, ces affirmations méritent et nécessitent une attention particulière pour ce qu’elles sous-tendent de souffrance et de perturbation. Aucun cas de fausse allégation n’a jamais été retenue dans la littérature spécialisée, en tant que simple fantaisie ou imagination de l’enfant. Il s’agit toujours alors de propos allant dans le sens du désir d’un des parents.

 

Jacques Trémintin – Mai 1995