Le travail social auprès de victimes d’homophobie. Questionnement identitaire, lien familial, insertion

GAL Frédéric, Ed. ASH, 2013, 140 p.

Des adolescents ou jeunes adultes jetés à la rue par leur famille, à cause de leur orientation homosexuelle, ce n’est pas une exception dans notre pays. A preuve, l’explosion du nombre de demandes d’accueil reçues sur une année par « le Refuge », cette association les hébergeant et les accompagnant depuis 2003 : en dix ans, elles sont passées de 25 à 930. Frédéric Gal, son directeur général signe un livre dénonçant l’homophobie, cette flétrissure visant une population, pour la seule raison qu’elle n’est pas dans la norme. Tout ce qui ne rentre pas dans les fourches caudines de l’hétérosexualité est, au mieux méprisé ou moqué, au pire durement réprimé ou chassé. Pendant des siècles, l’homosexualité fut considérée comme une déviance tant par les religions, que par la morale ou la science. C’est, finalement, très récemment que le poids de cette stigmatisation a commencé à se faire un peu moins sentir, l’Organisation mondiale de la santé ne retirant cette orientation de la liste des maladies mentales, qu’en 1990. Mais, les victimes sont encore trop nombreuses à en subir les effets. Après avoir replacé cet ostracisme dans un contexte historique, l’auteur en décrit les effets délétères sur l’estime de soi et l’insertion dans la vie adulte, se traduisant par des conduites addictives ou la prostitution, la dépression ou des tentatives de suicide. Prendre en charge ces jeunes gens passe par le soin apporté à la gestion tant de leur solitude, qu’à leurs réflexes homophobiques intériorisés ou encore aux graves carences affectives subies. Ce qui leur est proposé, c’est un cadre sécurisant et strict les accueillant hors de tout jugement de valeur moral et qui leur permet d’accéder au droit commun, de rechercher un emploi et ensuite un logement : en fait, leur permettre de retrouver la place qu’ils n’auraient jamais du perdre.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1151 ■ 13/11/2014