Nous, travailleurs en milieu protégés de l’ESAT de Vesoul

LORIMIER Nathalie et GODARD Philippe, Éd. Cet atelier, là, 2019, 189 p.
cetatelierla@laposte.net.

Les personnes avec handicap n’ont pas l’habitude de parler d’elles. Mais, convenons-en : on ne les écoute pas non plus, très souvent. Quand l’occasion leur est donnée de de le faire, leurs préoccupations apparaissent en phase avec celles des valides : la famille, les relations affectives, le travail et la liberté de décider de sa vie. On peut le vérifier à travers les vingt-deux entretiens de ce recueil. Aurélien est content d’être à bonne distance de sa famille d’accueil qui est, à son goût, bien trop sur son dos, même s’il s’y rend tous les week-ends. Carina préfère vivre en foyer que chez ses parents où elle se trouvait depuis quarante ans. Valériane le reconnaît : elle est partagée entre sa famille et le foyer qui l’héberge, chaque formule ayant ses avantages et ses inconvénients. Cette autonomisation est une étape décisive pour favoriser la mise en couple. C’est ce qu’aimerait Florian qui souhaite vivre avec sa copine : « on est des adultes, alors on est capable de savoir ce qui est bien ou pas », commente-t-il. Eliane a la même ambition. Son travail en milieu protégé lui a permis de sortir du cocon familial. Elle a pris confiance en elle. La prochaine étape sera de vivre à deux. Fanny, quant à elle, y a renoncé après plusieurs échecs. Elle préfère habiter seule. Mais, elle n’aime pas non plus être à l’atelier, car il y a trop de bruit. Guy, lui, est en colère contre certains de ses collègues qui dorment à l’atelier. Anaïs a parfois du mal à comprendre les consignes qu’on lui donne. Sylvie s’est retrouvée à l’ESAT, car elle n’allait pas assez vite dans l’atelier protégé où elle travaillait avant. Quant à Dalila, elle sait compter : il ne lui reste plus que quatorze ans avant d’être en retraite. 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1289 ■ 16/02/2021