L’Europe de la santé
CORON Gaël (sous la direction), Ed. EHESP, 2018, 173 p.
L’Union Européenne n’a pas vocation à harmoniser les politiques sanitaires de ses membres. Ses seules compétences, en la matière, se limitent à achever la construction du marché intérieur pour les biens et les services concernés : libre circulation des médicaments, des soignants et des patients. Même si elle a généralisé dès 1965 l’obligation d’une autorisation de mise sur le marché de tout médicament (garantissant son efficacité, sa sécurité et sa qualité) et fixé en 1977 les conditions d’exercice de la profession de médecin (six années d’étude et 5.500 heures de formation), la tentative de 1952 de créer une communauté européenne de la santé a échoué, laissant une grande disparité dans la gestion de ce secteur. Rien d’étonnant au regard de l’écart de ses différentes régions : si par rapport au PIB moyen européen (100), London West plafonne à 539, la Bulgarie se traîne à un niveau de 30. Pour autant, les enjeux concernant la réforme de l’assurance maladie, la modernisation de l’offre de soin ou l’émergence de nouveaux enjeux ont incité l’Union Européenne à élargir son intervention dans ce domaine. Pour ce faire, elle utilise trois instruments financiers : le Fonds européen de développement régional, le Fonds social européen ainsi que les Fonds structurel et de cohésion. L’ouvrage dirigé par Gaël Coron décrit les enjeux de pouvoir entre les lobbyistes des associations de patients et ceux financés par les grands groupes industriels, l’Union européenne étant censée garantir une compétition équitable entre eux. Il décrit aussi la répartition du travail entre le ministère de la santé, le secrétariat général des affaires européennes et la représentation permanente auprès de l’Union Européenne dont l’articulation pourtant présentée comme harmonieuse semble être quand même très technocratique !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1251 ■ 14/05/2019