L’internationale des républiques d’enfants – 1939-1955

BOUSSION Samuel, GARDET Mathias, RUCHAT Martine, Éd. Anamosa, 2020, 480 p.

Avant le désastre de la seconde guerre mondiale, des pionniers avaient déjà initié des expériences de Républiques d’enfants : Makarenko en URSS, Janus Korczak en Pologne ou le Moulin-vieux en France accueillant les petits réfugiés espagnols. Après-guerre, se créent une centaine de communautés à travers une Europe ravagée. Ce qui poussent un peu partout ces institutions à les accueillir, c’est bien un sentiment de dette et un devoir de réparation à l’égard des orphelins ou sans logis, victimes de la folie des adultes. La toute jeune UNESCO en fait la promotion, appuyant la première conférence internationale qui regroupe en Suisse en juillet 1948 une quarantaine de participants. Une fédération est créée. Trois camps internationaux regroupant des enfants de toute l’Europe se dérouleront en 1949, 1950 et 1951. Des formations de moniteurs de homes d’enfants seront organisées. Mais, les différences et les différends vont affaiblir l’universalité du modèle. Le mouvement ne trouvera pas la voie de la cohésion et se heurtera très vite à des obstacles infranchissables. Une concurrence entre inspiration laïque et obédience religieuse, d’abord. Une opposition entre les internats de facture traditionnelle et ceux mettant en œuvre ce principe du « self government » qui donne la possibilité aux enfants de se diriger par eux-mêmes, ensuite. Les effets de la guerre froide, enfin, qui substitue les luttes idéologiques au registre pédagogique. Les communautés d’enfants disparaitront rapidement, sans laisser beaucoup de traces ... jusqu’à ce que ce beau livre, illustré de photos d’époque, restitue avec bonheur le souvenir des principaux épisodes d’une période historique à la noble ambition : faire cohabiter des enfants de pays anciennement ennemis, pour leur apprendre à vivre ensemble dans la tolérance mutuelle, la fraternité et la paix.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1285 ■ 08/12/2020