La fessée, pour ou contre?

VALENTIN Stephan, éditions Jouvence, 2009, 94 p.

Le proposition d’une loi interdisant la fessée, déposée par la députée UMP Edvige Antier, a reçu un accueil très froid de la part tant de la majorité parlementaire que des Français qui viennent, à 82 %, de s’y déclarer hostiles (Sondage TNS Sofres, 22/11). L’opinion n’est pas prête à rejoindre les 18 pays européens (sur 47) l’ayant déjà fait. D’où l’intérêt décuplé de ce petit ouvrage très pédagogique. Stephan Valentin en convient : cette question n’est pas populaire car elle fait intrusion dans l’intimité des familles qui s’estiment libres d’élever leur enfant comme bon leur semble. Les châtiments culturels appartiennent à une tradition ancestrale. Ils se sont imposés tant qu’on n’a pas considéré l’enfant comme un être humain à part entière, mais plutôt comme un objet dont on pouvait disposer à sa guise. Aujourd’hui, cette vision a changé. Mais subsistent encore deux types de fessées : la fessée réactionnelle (quand l’adulte est dépassé par l’enfant) et la fessée éducative (employée comme moyen pour se faire obéir). Une éducation sans violence ne signifie pas renoncer à son autorité. On peut tout à fait imposer des limites à l’enfant, sans avoir à le frapper. Pour y arriver, il faut veiller à ne pas céder quand on lui dit non tout en restant souple, à poser des exigences qui ne soient pas excessives tout en lui permettant de faire ses propres expériences, à rester cohérent entre adultes… Une telle approche éducative n’exclut pas non plus la punition. Elle s’attache juste à lui donner une dimension directe, proportionnée, juste et compréhensible. L’éducation sans fessée aide l’enfant à grandir plutôt qu’elle ne cherche à le soumettre. Et l’interdiction de ce châtiment vise non à culpabiliser les parents, mais à les inciter au dialogue avec leur enfant tout en s’interrogeant sur les raisons véritables d’un tel acte : pseudo efficacité ou évacuation de son stress et de sa colère ?

 

Paru dans LIEN SOCIAL ■ n°952 ■ 03/12/2009