Maltraitance en EHPAD. Chroniques de ces petits riens qui nuisent au quotidien

MIALOCQ Henri, Ed. L’Harmattan, 2013, 180 p.

L’ouvrage d’Henri Mialocq répond à la question de la prévention des mauvais traitements dont sont victimes les personnes âgées dépendantes dans les établissements qui les reçoivent. Il est le résultat du travail de réflexion mené auprès d’une cinquantaine d’EHPAD. La théorisation proposée par l’auteur s’articule tant autour de ces actes quotidiens qui pour apparaître banals n’en sont pas moins centraux dans le vécu de ces aînés fragilisés que du sort réservé aux professionnels qui y sont confrontés. Certes, les actes de violences agies ou subies ont la particularité d’être particulièrement visibles. Mais, il ne faut pas oublier celles qui se manifestent à bas bruit non seulement à l’occasion des prestations d’hôtellerie, de soins ou de toilette, mais aussi à travers les rythmes de vie et les conditions d’hébergement. Il y a là mille occasions de dérapages attentatoires à cette humanité qui doit présider à l’accueil des personnes vulnérables. Le rôle du cadre est donc essentiel. Pour autant, l’implication et le savoir être des personnels l’est tout autant, dès lors où ils sont fondés sur la bienveillance, la tolérance et la patience. L’auteur présente les différents professionnels intervenant auprès de la personne dépendante, insistant sur le rôle des conditions de travail dans la promotion de métiers qui se doivent d’être considérés pour être considérant. Toute une série de dispositifs légaux permettent de prendre en compte la parole des usagers : projet personnalisé, conseil de vie sociale, règlement intérieur … La philosophie de ce cadre doit pouvoir être prolongée à travers la formalisation, non prévue par le législateur, de fiches de recueil de données en cas de situation de maltraitance. Ce support, loin de stigmatiser les personnels, doit au contraire, en ouvrant la violence aux mots, les aider à réguler leurs pratiques.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1132 ■ 09/01/2014