Accompagner les adolescents

COTTIN Patrick (sous la direction), Éd. Erès, 2018, 195 p.

Tout le monde en convient, l’adolescence est une période énigmatique où l’on n’est plus un enfant, tout en n’étant pas encore un adulte. Coincé entre un discours adulte paradoxal alternant « fais ce que je te dis » et « tu es assez grand pour savoir ce que tu as à faire », l’adolescent gagne progressivement en autonomie, vécue comme une injonction, se confrontant dès lors à la responsabilité individuelle de l’échec. Il arrive parfois que maltraiter son corps, agresser les autres ou s’isoler soient plus faciles que de réussir à se construire. Pour autant, les potentialités que toute personne possède en soi peuvent la mener vers la créativité ou la destructivité, selon la qualité de l’environnement et des personnes ressources rencontrées. D’où l’importance du rôle des professionnels intervenant auprès de cette classe d’âge. Ils ne peuvent plus incarner cette figure d’autorité du passé prenant le pouvoir sur les adolescents, en lui donnant des ordres. Leur rôle est au contraire celui d’un facilitateur incitant à la réflexivité. Face à l’absence de dialogue, il ne doit pas déserter. Face à un jeune désespérant qui lui dit quelque chose de sa désespérance, il vaut mieux se placer à ses côtés et avancer à son rythme. Face à la consommation de toxique, il faut ni banaliser, ni suréagir, au risque de retarder ou de bloquer les réajustements, mais distinguer les prises de risque pathologiques de celles qui aident le jeune à grandir (expérimenter, découvrir, apprendre par essai et erreur). Le danger doit être neutralisé et le risque accompagné.  Ecouter, plutôt que de chercher à convaincre, entendre plutôt que de vouloir ramener à la raison, ouvrir aux possibles plutôt que de moraliser, écouter activement plutôt que de reprocher, responsabiliser plutôt que de faire des remarques.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1280 ■ 29/09/2020