Le cinéma comme langage de soin. Son intérêt en alcoologie

GOMEZ Henri & l’atelier cinéma de l’AREA, Ed. érès, 2015, 367 p.

Dans l’antiquité, la mythologie abordait les problèmes existentiels de l’Homme : inceste, parricide, infanticide... Le Moyen-Âge en a fait de même avec les contes et les légendes. Aujourd’hui, le cinéma a pris le relais, proposant un formidable outil de divertissement, mais aussi d’échange, de projection et de ré-affiliation. Certains films peuvent servir de médiateur à la relation entre le soignant et le patient, se prêtant aux processus de déconstruction et de reconstruction et permettant d’aborder la problématique des addictions à partir de références culturelles et symboliques partagées. L’auteur, en collaboration avec l’atelier cinéma de l’AREA, nous présentent ici plus de 130 fiches descriptives de films classiques ou plus récents pouvant servir de support lors d’ateliers ou de séances de groupe, incitation indirecte à penser et à éprouver, en suspendant le cours des aliénations ordinaires. Si « Le poison » de Billy Wilder (1945) offre le portrait d’un homme happé par l’alcool, « Le dernier pour la route » de Philippe Godeau (2009) met en scène le monde clos d’une cure. Le cinéma suggère plus souvent qu’il ne démontre. Comme l’illustrent « Un jour sans fin » d’Harold Ramis (1993) métaphore de la répétition induite par la dépendance alcoolique ou encore « Le seigneur des anneaux » de Peter Jackson (2001-2002-2003) centré sur le pouvoir d’attraction de l’anneau. Mais, il y aussi le regard critique sur le soin, avec « La vague » de Dennis Gansel (2009) démontrant le risque d’instrumentalisation ou encore « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman (1975) dénonçant certaines pratiques psychiatriques. Trois classifications guident le cinéphile : « A » pour un film traitant de l’alcool, « SA » évoquant le sevrage vers le sans alcool et « HA » signifiant hors alcool et l’accession à une vie débarrassée de la dépendance.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1184 ■ 28/04/2016