Psychologie de la fonction parentale

Gérard POUSSIN, Privat 1993, 266 p.

Quelle est donc l'essence de la fonction parentale ? A cette question ris d'implications et de conséquences, Gérard Poussin tente de répondre du point de vue du psychologue et du thérapeute en l'analysant côté cour (les parents) et côté jardin (les enfants).
La parentalité c'est d'abord un état incontournable de l'adulte. Moyen de se survivre ou de croire à l'éternelle jeunesse, le désir d'enfant correspond en premier au narcissisme du couple : retrouver l'enfant qu'on a été ou qu'on aurait aimé être, s'identifier à ses propres parents.
Ce besoin chez les non-parents semble contourné dans les couples symbiotiques ou parentifiés (qui n'offrent pas de place pour un tiers) et sublimé sous forme de parentalité symbolique (on est parrain, marraine, famille d'accueil... ou éducateur) ou encore d'activité créatrice.
Mais permettre à l'enfant d'exister en tant que sujet nécessite de dépasser la simple satisfaction des besoins parentaux. Etre parents, c'est offrir alors bien plus que la nourriture et la protection. Socialisation, identification sexuelle, développement des capacités intellectuelles mais aussi d'autoprotection, création de la parole autonome, identité au travers de la filiation, tels sont quelques-unes des tâches décrites dans l'ouvrage.
Le petit d'homme qui cumule tellement de faiblesses à la naissance, est aussi celui qui dans la nature peut le plus se développer (le cerveau du nourrisson ne représente alors qu'1/4 de sa capacité adulte). Les parents vont y concourir de façon fondamentale en bien comme en mal (leurs erreurs et défaillances auront un effet considérable).
Gérard Poussin illustre sa réflexion de nombreux exemples issus de son expérience notamment au sein de "La Passerelle", association bordelaise de médiation familiale visant à faire en sorte que les parents restent parents au-delà de la séparation.
Avec cette approche, on plonge dans la problématique douloureuse du divorce présenté dans toute sa complexité. La règle idéale en la matière est bien que les parents tiennent l'enfant à distance de leur conflit. Pour autant, ce n'est pas tant la forme prise par l'union (ou la désunion) familiale qui est à l'origine des difficultés psychologiques de l'enfant, que la qualité des relations établies par ses parents à son égard, tant dans l'entente que dans la séparation.
Pour se sentir bon, explique l'auteur, un enfant a besoin de lire sur le visage d'un parent le plaisir du regard, la tendresse, l'émerveillement et la fierté qui viendront fonder cette estime de soi si nécessaire à sa confrontation réussie au monde.
L'existence et l'action d'adultes référents (qui peuvent être des proches mais aussi des professionnels) renvoyant cette image positive à l'enfant, nous rappelle le rôle compensateur qui peut ainsi être joué par rapport à un parent mal aimant.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°261  ■ 19/05/1994