Pourquoi les filles sont si bonnes en math et 40 autres histoires sur le cerveau de l’homme

COHEN Laurent, Ed. Odile Jacob, 2012, 295 p.

Sans pour autant réduire le fonctionnement humain à de vulgaires mécanismes hérédito-chimiques, les neurosciences apportent un certain nombre d’éclairages complémentaires aux schémas d’interprétation plus psychologiques. Loin de toute certitude absolue, Laurent Cohen s’appuie sur les expérimentations scientifiques qui ont été menées, pour avancer un certain nombre d’hypothèses. Ainsi, de la démonstration sur l’absence d’explication biologique aux compétences différenciées en mathématique des garçons et des filles, qui renvoie à l’inégalité culturelle de l’accès aux études scientifiques, selon le sexe. Si les prédispositions génétiques interfèrent pour 50%, l’environnement pèse donc tout autant pour l’autre moitié. Autre manifestation explicable par la chimie du cerveau, l’« ictus amnésique » produit par certains traumatismes, le patient préférant oublier pour éviter la reviviscence de souvenirs particulièrement violents. Ainsi, de l’atrophie, sous l’effet de la maltraitance infantile, du gêne produisant le récepteur aux hormones du stress. Avec comme résultat à l’âge adulte, une surproduction potentielle de cette hormone, provoquant des excès d’anxiété et de dépression. Ainsi, de l’identification de l’activation de la même zone cérébrale quand on subit soi-même une souffrance et quand on en est témoin chez autrui : l’empathie y trouverait son origine neurologique. Ainsi, de l’étude plutôt inquiétante démontrant qu’un magistrat rassasié et reposé rendra un jugement bien plus clément que lorsqu’il a faim ou est épuisé. Ainsi, du réinvestissemnt des parties non utilisées du cerveau correspondant à la vue ou à l’ouïe chez des personnes malvoyantes ou malentendantes sur les sens non affectés, ce qui permet de renforcer leurs compétences. Didactique et pédagogique, voilà un ouvrage de vulgarisation à ne pas manquer.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1134 ■ 06/02/2014