À l’épreuve du NON

JIANG Jia, Éd. Belfond, 2017, 232 p.

Derrière ce récit désopilant, se cache un contenu plus astucieux qu’on ne l’imagine. Qu’on en juge. L’auteur est paralysé par la peur du rejet, ne supportant pas que l’on repousse ses demandes. S’inspirant de la thérapie de Jason Comely, il décide de provoquer systématiquement les refus pour se désensibiliser progressivement à la douleur provoquée par le mot « non » ! Il nous entraîne dans un tourbillon de situations les plus cocasses les unes que les autres : demander une coupe de cheveux chez un toiletteur pour chien, une visite guidée de sa réserve à un caissier de magasin ou encore un chien confié à la journée à la SPA. De quoi accumuler des refus. Mais, sa quête va bien au-delà du simple coaching comportementaliste. Quand Jia Jiang réussit à décrocher des réponses positives, il s’en étonne : « incroyable ce que l’on peut obtenir quand on ose le demander ». Parmi les facteurs de ses quelques succès, il trouve : le simple fait de solliciter et d’en expliquer les raisons ; de ne pas forcer l’adhésion et de donner la liberté de refuser ; de se montrer respectueux et chaleureux. De quoi s’interroger sur l’origine de cette peur instinctive du rejet, si insupportable que l’on préfère la travestir en échecs consécutifs à des erreurs ? C’est que l’être humain est avant tout un animal social dont la survie a longtemps dépendu de son rattachement à son groupe : s’en faire rejeter revenait à une condamnation à mort. Il est essentiel de prendre un peu de recul. Tout oui n’est pas une approbation unanime et tout non un verdict global. Un rejet n’a rien d’universel. C’est une opinion qui est le souvent liée à une toute autre raison que le refus de la demande. Battre en retraite face à un refus ne s’identifie donc pas à une déroute. Le rejet peut même être positif, quand il permet de stimuler la motivation pour rebondir.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1272 ■ 28/04/2020